Concilium 2018-4. L’Église du futur
Direction du numéro
Thierry-Marie Courau OP,  Stefanie Knauss,  Enrico Galavotti 
Le cadre général de ce numéro est en français. 
Les articles sont écrits par leur auteur dans leur langue. 
Les traductions intégrales de ce numéro sont disponibles sur support papier dans les langues suivantes: 
English: The Church of the Future, International Journal of Theology – Concilium, 2018/4. 
Español: La Iglesia del futuro, Revista internacional de teología – Concilium, 377, 2018. 
German: Kirche der Zukunft, Internationale Zeitschrift für Theologie – Concilium, Ausgabe 4/2018.Zu diesem Heft 
Hrvatski: Međunarodni teološki časopis – Concilium, 2018-4 
Italiano: La Chiesa del futuro, Rivista internazionale di teologia – Concilium, 2018-4EditorialeAbstracts 
Português: Revista internacional de teologia- Concilium, 2018-4.
Editorial
Penser  la transformation de l’Église pour lui permettre de répondre toujours  mieux à sa mission est une activité qui naît avec sa constitution. A  l’issue du dernier Concile, Karl Rahner le voyait comme un devoir et  comme une chance. Les temps actuels sont ceux d’une crise culturelle  profonde du monde où il s’agit d’apprendre à identifier les  bouleversements en cours technologiques, économiques et sociétaux, les  appels à de nouvelles structures d’autorité et de participation aux  décisions, les mouvements de population liés à la globalisation, à la  répartition des ressources et à l’environnement, etc. L’Église elle-même  ne peut se contenter de se perpétuer comme un système rigide, fixé de  façon définitive. Elle doit trouver sans cesse dans Celui qui la fonde  et en conversation avec les mondes qu’elle se doit de rencontrer les  moyens de se renouveler pour correspondre à sa tâche d’être sacrement  universel de salut. 
Quatre parties composent ce numéro : pourquoi et comment peut-on  se poser la question de l’Église du futur ? ; comment les continents du  « Sud » entrevoient-ils cette question ? ; quelques champs  significatifs à partir desquels penser le futur ; à la recherche d’une  clé de voûte. Bien entendu, cette réflexion n’a aucune prétention à  l’exhaustivité ou à conclure le chantier. Elle est une ébauche et une  invitation à aller plus loin, librement. 
La première partie cherche à poser le cadre de la réflexion sur  l’Église du futur sur un plan, d’une part théologique, et d’autre part  historique et sociologique. Christoph Theobald, professeur de théologie  fondamentale et dogmatique aux Facultés jésuites de Paris, introduit ce  numéro en interrogeant la légitimité de vouloir dessiner la figure  d’avenir de l’Église. Il y répond et se met dans les pas de Vatican II.  Il indique ainsi un chemin où s’esquisse un processus de conversion  ecclésiale en quatre moments avec, pour acteur principal, l’Esprit  Saint. Apparaissent ainsi les critères théologiques qui doivent  l’accompagner au plan mondial : la pastoralité, la réforme évangélique,  le caractère œcuménique et le missionnaire, les dons charismatiques et  hiérarchiques encadrés par l’écoute des fidèles. 
L’historien de l’Église, Massimo Faggioli, professeur à Villanova  University (Philadelphia, USA) fait une analyse historico-sociologique  de quelques tendances qui peuvent être significatives pour l’Église du  futur à partir des ouvertures faites par le Concile Vatican II et  récemment par le pape François. Il s’interroge sur ce qui affecte  l’époque, et sur sa qualification possible de transition, à partir de la  pluralité des cultures, des événements tragiques du monde et de  l’Église, du déclin sociologique, de la dés-institutionnalisation, de la  question du ministère ordonné, de la place des femmes, de la culture  populaire, et de la réaction néo-traditionnaliste. 
La deuxième partie s’intéresse à préciser quelques carrefours  vus à partir de trois continents dits du « Sud » : asiatique,  latino-américain, africain. Le sociologue philippin, jeune chercheur à  Ateneo de Manila University (Philippines), Jayeel Cornelio, part de la  considération de l’Église comme phénomène mondial. Il montre d’abord que  l’affirmation courante que le nouveau centre de l’Église est au « Sud »  de la planète doit être nuancée. Puis il met l’accent sur deux défis :  les jeunes générations et les inégalités qui ont de forts impacts sur la  vie actuelle et à venir de la planète. La façon dont l’Église y  répondra structurera profondément la forme qu’elle prendra. 
Virginia Azcuy, professeur de théologie à l’Université catholique de  Buenos Aires (Argentine) et chercheur à l’Université catholique du  Chili, choisi de partir de la réalité de l’Église actuelle, complexe et  ambigüe, afin d’imaginer son futur. Elle souligne la tension que vit  l’institution entre ce qu’elle est capable de réaliser et ses  aspirations à être en plénitude. Ceci lui demande d’affronter l’échec et  la limite. Pour discerner quant aux caractères de l’Église du futur, la  chercheuse propose de travailler en ecclésiologie pratique à partir de  quatre défis qui lui paraissent fondamentaux : la faible crédibilité, la  déformation cléricale, les préjugés masculins et la mondanité  spirituelle. 
Professeur à DePaul University (Chicago, USA), le chercheur nigérian  en sciences du catholicisme africain, Stan Chu Llo, réfléchit à  l’Église du futur en Afrique à la lumière de l’ecclésiologie du pape  François. Il s’interroge sur un catholicisme mondial dans lequel les  églises africaines sont en train de jouer un rôle significatif dans la  formation de l’identité et de la mission de l’Église universelle. Il  pose les bases théologiques d’une feuille de route pour l’Église  d’Afrique qui devra s’engager dans la mission comme pauvre et  miséricordieuse en vue de transformer les parcours tragiques et  inacceptables de l’histoire du continent en fruits eschatologiques du  Règne de Dieu. 
Une fois passés par des points de vue géographiques où la  théologie croise la sociologie, la troisième partie envisage la  problématique de l’Église du futur à partir des champs disciplinaires.  Mike van Treek Nilsson, jeune bibliste chilien, s’interroge sur ce que  peut apporter la Bible à la vie des sociétés et à un renouveau de  l’Église quand elle est approchée par une exégèse qui tient compte de sa  puissance d’imagination symbolique. Une approche sapientielle,  littéraire et humaniste de la Bible permet d’ouvrir le matériau biblique  et de le mettre en contact avec d’autres expériences de Dieu, d’initier  des conversations avec d’autres univers. L’enjeu est d’éviter toute  forme de fondamentalisme et d’instrumentalisation de la Bible au  bénéfice de l’approfondissement des rencontres humaines et de la  reconnaissance de l’activité de Dieu dans celles-ci. 
La théologienne italienne Serena Noceti, ecclésiologue et  spécialiste de la catéchèse, cherche à mettre en valeur comment, dans  une période de sortie d’une Église euro-centrée grâce au pape François,  il est nécessaire et possible de penser des transformations  structurelles de l’Église. Il s’agit de reconfigurer les rôles et les  fonctions, les pouvoirs et leur exercice, les modèles de communication  intra-ecclésiaux. Des initiatives prophétiques dans des Eglises  particulières et locales peuvent permettre de tenter des expériences qui  pourraient être profitables à l’Église universelle pour sa mission  évangélisatrice, tout en respectant les sensibilités culturelles. 
La question numérique intéresse tout particulièrement l’activité  missionnaire de l’Église à venir. Daniella Zsupan-Jerome, professeur de  liturgie et pastorale, à New Orleans (USA), se fait l’avocate d’une  présence pro-active de l’Église au sein du monde des technologies  digitales de communication, et de la culture qu’elles créent. Ceci  demande d’être attentif à trois aspects socio-culturels qu’elles  soulèvent : la confiance, la possibilité de rencontres authentiques, le  bouleversement des concepts d’autorité. En mettant l’accent sur l’Esprit  Saint à propos de ces trois dimensions, elle cherche à élaborer des  fondements pneumatologiques pour penser une Église qui témoigne de  l’Évangile de façon volontaire et prophétique dans cette culture  digitale. 
Enfin, en forme d’une clé de voûte des éléments qui constituent  cette réflexion et en écho à chacun, Thierry-Marie Courau, professeur de  théologie de l’Institut Catholique de Paris, qui vient d’être élu à la  présidence de notre revue, succédant au théologien indien Félix Wilfred  qui l’a assumée avec grandes intelligence, clairvoyance et générosité  pendant plus de onze ans (qu’il en soit ici chaleureusement remercié),  suggère qu’une clé doit traverser l’esprit et la réforme de l’Église  pour la rendre ajustée aux appels du futur : celle de l’écoute qui se  déplie en action. Tout comme celui de dia-logue, ce terme doit intégrer  le vocabulaire de la théologie et ses enseignements, et faire l’objet de  travaux spécifiques de recherche en théologie, car il ne s’agit rien de  moins qu’une question de la possibilité de réalisation du salut dans  l’existence concrète, quotidienne, des personnes et des communautés,  capable de transformer les sociétés. Elle se réalise, comme y invite la  théologie du peuple du pape François, en passant par les yeux et les  oreilles des plus pauvres, et met ainsi l’Église en condition de  metanoïa suscitée par l’Esprit. 
Le Forum théologique de ce numéro s’intéresse à la place de la  théologie au sein de la réunion annuelle de l’American Academy of  Religion (USA), à une réflexion sur l’édition théologique en Europe  continentale occidentale, et sur les cinquante ans d’Humanae vitae. 
Table des matières
Première partie – Cadre et méthode
Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise »
Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche »
Deuxième partie – Perspectives globales
Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”
Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales »
Stan  Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of  Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”
Troisième partie – Imaginer l’Église du futur
Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro »
Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? »
Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”
Quatrième partie – Clé de voûte
Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église »
Forum théologique
Gerard Mannion, ”Theology and the American Academy of Religion”
Pierluigi  Cabri & Gianluca Montaldi – « Teologia pubblica ed editoria. Una  prospettiva dall’Europa continentale occidentale »
Antonio Autiero – « Humanae Vitae cinquant’anni dopo. Il senso di un anniversario »
Résumé des articles
Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise ».  L’article aborde la question de la figure d’avenir de l’Eglise en  traçant un chemin avec des carrefours et en esquissant, dans les traces  de Vatican II, un processus de conversion ecclésiale en quatre étapes,  permettant de laisser advenir l’Eglise de demain dont l’acteur principal  est l’Esprit Saint. Quatre critères théologiques sont mis en avant : 1)  le critère de « pastoralité », 2) le critère de « réforme  évangélique », 3) le critère œcuménique et missionnaire et 4) le critère  des « dons charismatiques et hiérarchiques », recadré par l’expérience  de l’écoute synodale du « sens des fidèles ». 
Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche ».  L’articolo tenta di analizzare alcune linee di tendenza per la chiesa  del futuro partendo dalle traiettorie aperte dal concilio Vaticano II e  riprese di recente da papa Francesco. Pur tra situazioni locali diverse,  alcune questioni sono comuni a tutta la chiesa globale: una concezione  della leadership non isolata al ministero ordinato; una visione della  ministerialità della chiesa come servizio; il ruolo delle donne nella  comunità ecclesiale. Gli ultimi anni hanno messo in evidenza due spinte  contrastanti: una globalizzazione della chiesa e allo stesso tempo  all’interno della chiesa anche una crisi della globalizzazione  (religiosa e non solo) sotto forma del ritorno di fenomeni di reazione  neo-tradizionalista, in materia liturgica e non solo, che sarebbe  inadeguato sottovalutare e considerare come sintomi passeggeri destinati  a scomparire in breve tempo. 
Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”.  This article presents the global challenges that matter to the Church  of the future. The first part traces the different facets of the Church  as a global phenomenon. It complicates the prevailing view that  Christianity is moving to the global south. The second part focuses on  two challenges: generational shifts and global inequality. While not  exhaustive, the discussion will provide some nuances regarding the  issues at stake at a global level. The character of the Church of the  future rests on how it responds to these present-day issues that will  linger in the years ahead.
 
Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales ».La  perspectiva de la “eclesiología práctica” puede resultar útil para  imaginar la Iglesia del futuro a partir de la Iglesia real, santa y  pecadora, que somos. Por su condición histórica, la comunidad eclesial  está en una situación “tensionada” entre su realidad concreta y a veces  contradictoria y la esperanza que brota de sus propios anhelos de  reforma. El llamado a vivir en plenitud exige la humildad de  confrontarse con el fracaso y el límite. Una mirada teológica práctica a  la Iglesia podría articularse desde cuatro retos fundamentales:  credibilidad débil, deformación clerical, sesgo masculino y mundanidad  espiritual. Se trata de enfocar algunas cuestiones medulares que  requieren ser consideradas para discernir qué Iglesia queremos. 
Stan  Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of  Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”.  This essay looks at what the Church of the future in Africa could look  like in the light the missionary reform of Catholic ecclesiology in Pope  Francis. It also explores what World Catholicism will look like in such  a future where African Catholics and churches are playing a significant  role in shape the identity and mission of the Universal Church. Using  the illuminative ecclesiology of Pope Francis as a guide, the essay  looks at the present challenges and features of the Church in Africa.  The essay concludes by laying the theological foundation of a roadmap  for the Church in Africa. Such a Church, it will be shown will be an  agent in reversing the unacceptable trajectory of history in the  continent by being a poor and merciful Church fully involved in the  mission of bringing about the fruits of the eschatological reign of God  in both Africa and the world. 
Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro ».  This essay draws from Scripture a necessary and radical reform in the  Church (particularly in terms of biblical work). The Word is ´useful for  life´ since it nourishes symbolic imagination. Often sacred texts are  read with a fundamentalist approach, and there is a lack of literary  criteria and humanistic concern. Literature in today´s world has diverse  understandings of reality, and biblical work also highlights plurality.  What is important is an emancipatory and plural understanding of  reality. Due to encounters with the ´other´, such understanding leads to  an experience of God that is not self-centered. This essay offers  criteria for changes in church and in society, and for including the  Bible in humanistic studies.  
Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? ».  Lo sforzo di immaginazione di una Chiesa del futuro deve  necessariamente scontare il limite di inserirsi in una particolare fase  storica, segnata dalla ricezione del Vaticano II, che è un processo  tutt’altro che lontano dalla sua conclusione. Il Concilio Vaticano II ha  reso evidente che la Chiesa del futuro non può essere semplicemente  concepita come la restaurazione di un modello storicamente superato  quale quello determinato dal Concilio di Trento, ma deve fondarsi su una  rigenerazione globale, capace sia di superare l’eurocentrismo che ha  segnato gli ultimi secoli della sua storia, sia di superare il rigido  steccato tra clero e laicato per coinvolgere l’intero popolo di Dio in  questo processo di trasformazione. L’esortazione Evangelii gaudium  di papa Francesco ha fornito spunti importanti di riflessione per  avviare questo processo di trasformazione. Occorre ripensare  profondamente il ruolo delle Chiese locali e valorizzarne il patrimonio  di culture e tradizioni troppo a lungo sacrificato nell’ottica di una  centralizzazione uniformante; ed è necessario altresì promuovere  strutture di sinodalità ordinaria che consentano una effettiva  partecipazione di tutti i battezzati nella formazione delle decisioni  che presiedono alla vita delle comunità cristiane.
  
Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”.  This essay explores digital culture and advocates for how the Church  can be a pro-active presence in this context especially if attentive to  three critical socio-cultural developments wrought by digital  communication technologies: truthfulness, potential for authentic  encounters, and shifting notions of authority. By emphasizing the work  of the Holy Spirit as both constitutive of Church but also  transformative for each of these three developments, the essay proposes  building on pneumatological foundations toward a future Church, one that  can be a prophetic and pro-active witness in digital culture. 
Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église ».  Nous vivons une époque où le salut semble être une idée éloignée de  toute réalité contemporaine. Envisager l’Église du futur demande que le  salut, donné en Christ qu’elle annonce, soit crédible et efficient dans  la vie des personnes. Ceci demande un travail théologique et pastoral  qui passe par les cris et les yeux des pauvres. Ce choix oblige de se  tenir dans l’attitude de l’écoute, de l’obéissance. Le mot « écoute »  n’appartient pas au vocabulaire théologique habituel. Pourtant, le péché  trouve son origine précisément dans une écoute défaillante. L’écoute de  la parole dans laquelle Dieu se donne, indissociable de l’action  qu’elle suscite, se trouve comme la porte d’entrée de la réalisation du  salut dont l’Église est le sacrement universel. Elle fonde sa capacité à  vivre la metanoïa suscitée par l’Esprit pour aujourd’hui.