Concilium

Concilium 2018-4. L’Église du futur


Concilium 2018-4. L’Église du futur

Direction du numéro

Thierry-Marie Courau OP, Stefanie Knauss, Enrico Galavotti


Le cadre général de ce numéro est en français.
Les articles sont écrits par leur auteur dans leur langue.


Les traductions intégrales de ce numéro sont disponibles sur support papier dans les langues suivantes:

English: The Church of the Future, International Journal of Theology – Concilium, 2018/4.

Español: La Iglesia del futuro, Revista internacional de teología – Concilium, 377, 2018.

German: Kirche der Zukunft, Internationale Zeitschrift für Theologie – Concilium, Ausgabe 4/2018.Zu diesem Heft

Hrvatski: Međunarodni teološki časopis – Concilium, 2018-4

Italiano: La Chiesa del futuro, Rivista internazionale di teologia – Concilium, 2018-4EditorialeAbstracts

Português: Revista internacional de teologia- Concilium, 2018-4.




Editorial

Penser la transformation de l’Église pour lui permettre de répondre toujours mieux à sa mission est une activité qui naît avec sa constitution. A l’issue du dernier Concile, Karl Rahner le voyait comme un devoir et comme une chance. Les temps actuels sont ceux d’une crise culturelle profonde du monde où il s’agit d’apprendre à identifier les bouleversements en cours technologiques, économiques et sociétaux, les appels à de nouvelles structures d’autorité et de participation aux décisions, les mouvements de population liés à la globalisation, à la répartition des ressources et à l’environnement, etc. L’Église elle-même ne peut se contenter de se perpétuer comme un système rigide, fixé de façon définitive. Elle doit trouver sans cesse dans Celui qui la fonde et en conversation avec les mondes qu’elle se doit de rencontrer les moyens de se renouveler pour correspondre à sa tâche d’être sacrement universel de salut.

Quatre parties composent ce numéro : pourquoi et comment peut-on se poser la question de l’Église du futur ? ; comment les continents du « Sud » entrevoient-ils cette question ? ; quelques champs significatifs à partir desquels penser le futur ; à la recherche d’une clé de voûte. Bien entendu, cette réflexion n’a aucune prétention à l’exhaustivité ou à conclure le chantier. Elle est une ébauche et une invitation à aller plus loin, librement.

La première partie cherche à poser le cadre de la réflexion sur l’Église du futur sur un plan, d’une part théologique, et d’autre part historique et sociologique. Christoph Theobald, professeur de théologie fondamentale et dogmatique aux Facultés jésuites de Paris, introduit ce numéro en interrogeant la légitimité de vouloir dessiner la figure d’avenir de l’Église. Il y répond et se met dans les pas de Vatican II. Il indique ainsi un chemin où s’esquisse un processus de conversion ecclésiale en quatre moments avec, pour acteur principal, l’Esprit Saint. Apparaissent ainsi les critères théologiques qui doivent l’accompagner au plan mondial : la pastoralité, la réforme évangélique, le caractère œcuménique et le missionnaire, les dons charismatiques et hiérarchiques encadrés par l’écoute des fidèles.

L’historien de l’Église, Massimo Faggioli, professeur à Villanova University (Philadelphia, USA) fait une analyse historico-sociologique de quelques tendances qui peuvent être significatives pour l’Église du futur à partir des ouvertures faites par le Concile Vatican II et récemment par le pape François. Il s’interroge sur ce qui affecte l’époque, et sur sa qualification possible de transition, à partir de la pluralité des cultures, des événements tragiques du monde et de l’Église, du déclin sociologique, de la dés-institutionnalisation, de la question du ministère ordonné, de la place des femmes, de la culture populaire, et de la réaction néo-traditionnaliste.

La deuxième partie s’intéresse à préciser quelques carrefours vus à partir de trois continents dits du « Sud » : asiatique, latino-américain, africain. Le sociologue philippin, jeune chercheur à Ateneo de Manila University (Philippines), Jayeel Cornelio, part de la considération de l’Église comme phénomène mondial. Il montre d’abord que l’affirmation courante que le nouveau centre de l’Église est au « Sud » de la planète doit être nuancée. Puis il met l’accent sur deux défis : les jeunes générations et les inégalités qui ont de forts impacts sur la vie actuelle et à venir de la planète. La façon dont l’Église y répondra structurera profondément la forme qu’elle prendra.

Virginia Azcuy, professeur de théologie à l’Université catholique de Buenos Aires (Argentine) et chercheur à l’Université catholique du Chili, choisi de partir de la réalité de l’Église actuelle, complexe et ambigüe, afin d’imaginer son futur. Elle souligne la tension que vit l’institution entre ce qu’elle est capable de réaliser et ses aspirations à être en plénitude. Ceci lui demande d’affronter l’échec et la limite. Pour discerner quant aux caractères de l’Église du futur, la chercheuse propose de travailler en ecclésiologie pratique à partir de quatre défis qui lui paraissent fondamentaux : la faible crédibilité, la déformation cléricale, les préjugés masculins et la mondanité spirituelle.

Professeur à DePaul University (Chicago, USA), le chercheur nigérian en sciences du catholicisme africain, Stan Chu Llo, réfléchit à l’Église du futur en Afrique à la lumière de l’ecclésiologie du pape François. Il s’interroge sur un catholicisme mondial dans lequel les églises africaines sont en train de jouer un rôle significatif dans la formation de l’identité et de la mission de l’Église universelle. Il pose les bases théologiques d’une feuille de route pour l’Église d’Afrique qui devra s’engager dans la mission comme pauvre et miséricordieuse en vue de transformer les parcours tragiques et inacceptables de l’histoire du continent en fruits eschatologiques du Règne de Dieu.

Une fois passés par des points de vue géographiques où la théologie croise la sociologie, la troisième partie envisage la problématique de l’Église du futur à partir des champs disciplinaires. Mike van Treek Nilsson, jeune bibliste chilien, s’interroge sur ce que peut apporter la Bible à la vie des sociétés et à un renouveau de l’Église quand elle est approchée par une exégèse qui tient compte de sa puissance d’imagination symbolique. Une approche sapientielle, littéraire et humaniste de la Bible permet d’ouvrir le matériau biblique et de le mettre en contact avec d’autres expériences de Dieu, d’initier des conversations avec d’autres univers. L’enjeu est d’éviter toute forme de fondamentalisme et d’instrumentalisation de la Bible au bénéfice de l’approfondissement des rencontres humaines et de la reconnaissance de l’activité de Dieu dans celles-ci.

La théologienne italienne Serena Noceti, ecclésiologue et spécialiste de la catéchèse, cherche à mettre en valeur comment, dans une période de sortie d’une Église euro-centrée grâce au pape François, il est nécessaire et possible de penser des transformations structurelles de l’Église. Il s’agit de reconfigurer les rôles et les fonctions, les pouvoirs et leur exercice, les modèles de communication intra-ecclésiaux. Des initiatives prophétiques dans des Eglises particulières et locales peuvent permettre de tenter des expériences qui pourraient être profitables à l’Église universelle pour sa mission évangélisatrice, tout en respectant les sensibilités culturelles.

La question numérique intéresse tout particulièrement l’activité missionnaire de l’Église à venir. Daniella Zsupan-Jerome, professeur de liturgie et pastorale, à New Orleans (USA), se fait l’avocate d’une présence pro-active de l’Église au sein du monde des technologies digitales de communication, et de la culture qu’elles créent. Ceci demande d’être attentif à trois aspects socio-culturels qu’elles soulèvent : la confiance, la possibilité de rencontres authentiques, le bouleversement des concepts d’autorité. En mettant l’accent sur l’Esprit Saint à propos de ces trois dimensions, elle cherche à élaborer des fondements pneumatologiques pour penser une Église qui témoigne de l’Évangile de façon volontaire et prophétique dans cette culture digitale.

Enfin, en forme d’une clé de voûte des éléments qui constituent cette réflexion et en écho à chacun, Thierry-Marie Courau, professeur de théologie de l’Institut Catholique de Paris, qui vient d’être élu à la présidence de notre revue, succédant au théologien indien Félix Wilfred qui l’a assumée avec grandes intelligence, clairvoyance et générosité pendant plus de onze ans (qu’il en soit ici chaleureusement remercié), suggère qu’une clé doit traverser l’esprit et la réforme de l’Église pour la rendre ajustée aux appels du futur : celle de l’écoute qui se déplie en action. Tout comme celui de dia-logue, ce terme doit intégrer le vocabulaire de la théologie et ses enseignements, et faire l’objet de travaux spécifiques de recherche en théologie, car il ne s’agit rien de moins qu’une question de la possibilité de réalisation du salut dans l’existence concrète, quotidienne, des personnes et des communautés, capable de transformer les sociétés. Elle se réalise, comme y invite la théologie du peuple du pape François, en passant par les yeux et les oreilles des plus pauvres, et met ainsi l’Église en condition de metanoïa suscitée par l’Esprit.

Le Forum théologique de ce numéro s’intéresse à la place de la théologie au sein de la réunion annuelle de l’American Academy of Religion (USA), à une réflexion sur l’édition théologique en Europe continentale occidentale, et sur les cinquante ans d’Humanae vitae.



Table des matières

Editorial

Première partie – Cadre et méthode

Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise »
Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche »

Deuxième partie – Perspectives globales

Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”
Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales »
Stan Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”

Troisième partie – Imaginer l’Église du futur

Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro »
Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? »
Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”

Quatrième partie – Clé de voûte

Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église »

Forum théologique

Gerard Mannion, ”Theology and the American Academy of Religion”
Pierluigi Cabri & Gianluca Montaldi – « Teologia pubblica ed editoria. Una prospettiva dall’Europa continentale occidentale »
Antonio Autiero – « Humanae Vitae cinquant’anni dopo. Il senso di un anniversario »



Résumé des articles

Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise ». L’article aborde la question de la figure d’avenir de l’Eglise en traçant un chemin avec des carrefours et en esquissant, dans les traces de Vatican II, un processus de conversion ecclésiale en quatre étapes, permettant de laisser advenir l’Eglise de demain dont l’acteur principal est l’Esprit Saint. Quatre critères théologiques sont mis en avant : 1) le critère de « pastoralité », 2) le critère de « réforme évangélique », 3) le critère œcuménique et missionnaire et 4) le critère des « dons charismatiques et hiérarchiques », recadré par l’expérience de l’écoute synodale du « sens des fidèles ».

Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche ». L’articolo tenta di analizzare alcune linee di tendenza per la chiesa del futuro partendo dalle traiettorie aperte dal concilio Vaticano II e riprese di recente da papa Francesco. Pur tra situazioni locali diverse, alcune questioni sono comuni a tutta la chiesa globale: una concezione della leadership non isolata al ministero ordinato; una visione della ministerialità della chiesa come servizio; il ruolo delle donne nella comunità ecclesiale. Gli ultimi anni hanno messo in evidenza due spinte contrastanti: una globalizzazione della chiesa e allo stesso tempo all’interno della chiesa anche una crisi della globalizzazione (religiosa e non solo) sotto forma del ritorno di fenomeni di reazione neo-tradizionalista, in materia liturgica e non solo, che sarebbe inadeguato sottovalutare e considerare come sintomi passeggeri destinati a scomparire in breve tempo.

Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”. This article presents the global challenges that matter to the Church of the future. The first part traces the different facets of the Church as a global phenomenon. It complicates the prevailing view that Christianity is moving to the global south. The second part focuses on two challenges: generational shifts and global inequality. While not exhaustive, the discussion will provide some nuances regarding the issues at stake at a global level. The character of the Church of the future rests on how it responds to these present-day issues that will linger in the years ahead.

Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales ».La perspectiva de la “eclesiología práctica” puede resultar útil para imaginar la Iglesia del futuro a partir de la Iglesia real, santa y pecadora, que somos. Por su condición histórica, la comunidad eclesial está en una situación “tensionada” entre su realidad concreta y a veces contradictoria y la esperanza que brota de sus propios anhelos de reforma. El llamado a vivir en plenitud exige la humildad de confrontarse con el fracaso y el límite. Una mirada teológica práctica a la Iglesia podría articularse desde cuatro retos fundamentales: credibilidad débil, deformación clerical, sesgo masculino y mundanidad espiritual. Se trata de enfocar algunas cuestiones medulares que requieren ser consideradas para discernir qué Iglesia queremos.

Stan Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”. This essay looks at what the Church of the future in Africa could look like in the light the missionary reform of Catholic ecclesiology in Pope Francis. It also explores what World Catholicism will look like in such a future where African Catholics and churches are playing a significant role in shape the identity and mission of the Universal Church. Using the illuminative ecclesiology of Pope Francis as a guide, the essay looks at the present challenges and features of the Church in Africa. The essay concludes by laying the theological foundation of a roadmap for the Church in Africa. Such a Church, it will be shown will be an agent in reversing the unacceptable trajectory of history in the continent by being a poor and merciful Church fully involved in the mission of bringing about the fruits of the eschatological reign of God in both Africa and the world.

Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro ». This essay draws from Scripture a necessary and radical reform in the Church (particularly in terms of biblical work). The Word is ´useful for life´ since it nourishes symbolic imagination. Often sacred texts are read with a fundamentalist approach, and there is a lack of literary criteria and humanistic concern. Literature in today´s world has diverse understandings of reality, and biblical work also highlights plurality. What is important is an emancipatory and plural understanding of reality. Due to encounters with the ´other´, such understanding leads to an experience of God that is not self-centered. This essay offers criteria for changes in church and in society, and for including the Bible in humanistic studies.

Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? ». Lo sforzo di immaginazione di una Chiesa del futuro deve necessariamente scontare il limite di inserirsi in una particolare fase storica, segnata dalla ricezione del Vaticano II, che è un processo tutt’altro che lontano dalla sua conclusione. Il Concilio Vaticano II ha reso evidente che la Chiesa del futuro non può essere semplicemente concepita come la restaurazione di un modello storicamente superato quale quello determinato dal Concilio di Trento, ma deve fondarsi su una rigenerazione globale, capace sia di superare l’eurocentrismo che ha segnato gli ultimi secoli della sua storia, sia di superare il rigido steccato tra clero e laicato per coinvolgere l’intero popolo di Dio in questo processo di trasformazione. L’esortazione Evangelii gaudium di papa Francesco ha fornito spunti importanti di riflessione per avviare questo processo di trasformazione. Occorre ripensare profondamente il ruolo delle Chiese locali e valorizzarne il patrimonio di culture e tradizioni troppo a lungo sacrificato nell’ottica di una centralizzazione uniformante; ed è necessario altresì promuovere strutture di sinodalità ordinaria che consentano una effettiva partecipazione di tutti i battezzati nella formazione delle decisioni che presiedono alla vita delle comunità cristiane.

Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”. This essay explores digital culture and advocates for how the Church can be a pro-active presence in this context especially if attentive to three critical socio-cultural developments wrought by digital communication technologies: truthfulness, potential for authentic encounters, and shifting notions of authority. By emphasizing the work of the Holy Spirit as both constitutive of Church but also transformative for each of these three developments, the essay proposes building on pneumatological foundations toward a future Church, one that can be a prophetic and pro-active witness in digital culture.

Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église ». Nous vivons une époque où le salut semble être une idée éloignée de toute réalité contemporaine. Envisager l’Église du futur demande que le salut, donné en Christ qu’elle annonce, soit crédible et efficient dans la vie des personnes. Ceci demande un travail théologique et pastoral qui passe par les cris et les yeux des pauvres. Ce choix oblige de se tenir dans l’attitude de l’écoute, de l’obéissance. Le mot « écoute » n’appartient pas au vocabulaire théologique habituel. Pourtant, le péché trouve son origine précisément dans une écoute défaillante. L’écoute de la parole dans laquelle Dieu se donne, indissociable de l’action qu’elle suscite, se trouve comme la porte d’entrée de la réalisation du salut dont l’Église est le sacrement universel. Elle fonde sa capacité à vivre la metanoïa suscitée par l’Esprit pour aujourd’hui.

Concilium 2018-4. The Church of the Future

Concilium 2018-4. The Church of the Future

Edited by

Thierry-Marie Courau OP, Stefanie Knauss, Enrico Galavotti



Articles are written by their author in their own language.


Full translations of this issue are available in hard copy in the following languages:

English: The Church of the Future, International Journal of Theology – Concilium, 2018/4.

Español: La Iglesia del futuro, Revista internacional de teología – Concilium, 377, 2018.

German: Kirche der Zukunft, Internationale Zeitschrift für Theologie – Concilium, Ausgabe 4/2018.Zu diesem Heft

Hrvatski: Međunarodni teološki časopis – Concilium, 2018-4

Italiano: La Chiesa del futuro, Rivista internazionale di teologia – Concilium, 2018-4EditorialeAbstracts

Português: Revista internacional de teologia- Concilium, 2018-4.




Editorial

Penser la transformation de l’Église pour lui permettre de répondre toujours mieux à sa mission est une activité qui naît avec sa constitution. A l’issue du dernier Concile, Karl Rahner le voyait comme un devoir et comme une chance. Les temps actuels sont ceux d’une crise culturelle profonde du monde où il s’agit d’apprendre à identifier les bouleversements en cours technologiques, économiques et sociétaux, les appels à de nouvelles structures d’autorité et de participation aux décisions, les mouvements de population liés à la globalisation, à la répartition des ressources et à l’environnement, etc. L’Église elle-même ne peut se contenter de se perpétuer comme un système rigide, fixé de façon définitive. Elle doit trouver sans cesse dans Celui qui la fonde et en conversation avec les mondes qu’elle se doit de rencontrer les moyens de se renouveler pour correspondre à sa tâche d’être sacrement universel de salut.

Quatre parties composent ce numéro : pourquoi et comment peut-on se poser la question de l’Église du futur ? ; comment les continents du « Sud » entrevoient-ils cette question ? ; quelques champs significatifs à partir desquels penser le futur ; à la recherche d’une clé de voûte. Bien entendu, cette réflexion n’a aucune prétention à l’exhaustivité ou à conclure le chantier. Elle est une ébauche et une invitation à aller plus loin, librement.

La première partie cherche à poser le cadre de la réflexion sur l’Église du futur sur un plan, d’une part théologique, et d’autre part historique et sociologique. Christoph Theobald, professeur de théologie fondamentale et dogmatique aux Facultés jésuites de Paris, introduit ce numéro en interrogeant la légitimité de vouloir dessiner la figure d’avenir de l’Église. Il y répond et se met dans les pas de Vatican II. Il indique ainsi un chemin où s’esquisse un processus de conversion ecclésiale en quatre moments avec, pour acteur principal, l’Esprit Saint. Apparaissent ainsi les critères théologiques qui doivent l’accompagner au plan mondial : la pastoralité, la réforme évangélique, le caractère œcuménique et le missionnaire, les dons charismatiques et hiérarchiques encadrés par l’écoute des fidèles.

L’historien de l’Église, Massimo Faggioli, professeur à Villanova University (Philadelphia, USA) fait une analyse historico-sociologique de quelques tendances qui peuvent être significatives pour l’Église du futur à partir des ouvertures faites par le Concile Vatican II et récemment par le pape François. Il s’interroge sur ce qui affecte l’époque, et sur sa qualification possible de transition, à partir de la pluralité des cultures, des événements tragiques du monde et de l’Église, du déclin sociologique, de la dés-institutionnalisation, de la question du ministère ordonné, de la place des femmes, de la culture populaire, et de la réaction néo-traditionnaliste.

La deuxième partie s’intéresse à préciser quelques carrefours vus à partir de trois continents dits du « Sud » : asiatique, latino-américain, africain. Le sociologue philippin, jeune chercheur à Ateneo de Manila University (Philippines), Jayeel Cornelio, part de la considération de l’Église comme phénomène mondial. Il montre d’abord que l’affirmation courante que le nouveau centre de l’Église est au « Sud » de la planète doit être nuancée. Puis il met l’accent sur deux défis : les jeunes générations et les inégalités qui ont de forts impacts sur la vie actuelle et à venir de la planète. La façon dont l’Église y répondra structurera profondément la forme qu’elle prendra.

Virginia Azcuy, professeur de théologie à l’Université catholique de Buenos Aires (Argentine) et chercheur à l’Université catholique du Chili, choisi de partir de la réalité de l’Église actuelle, complexe et ambigüe, afin d’imaginer son futur. Elle souligne la tension que vit l’institution entre ce qu’elle est capable de réaliser et ses aspirations à être en plénitude. Ceci lui demande d’affronter l’échec et la limite. Pour discerner quant aux caractères de l’Église du futur, la chercheuse propose de travailler en ecclésiologie pratique à partir de quatre défis qui lui paraissent fondamentaux : la faible crédibilité, la déformation cléricale, les préjugés masculins et la mondanité spirituelle.

Professeur à DePaul University (Chicago, USA), le chercheur nigérian en sciences du catholicisme africain, Stan Chu Llo, réfléchit à l’Église du futur en Afrique à la lumière de l’ecclésiologie du pape François. Il s’interroge sur un catholicisme mondial dans lequel les églises africaines sont en train de jouer un rôle significatif dans la formation de l’identité et de la mission de l’Église universelle. Il pose les bases théologiques d’une feuille de route pour l’Église d’Afrique qui devra s’engager dans la mission comme pauvre et miséricordieuse en vue de transformer les parcours tragiques et inacceptables de l’histoire du continent en fruits eschatologiques du Règne de Dieu.

Une fois passés par des points de vue géographiques où la théologie croise la sociologie, la troisième partie envisage la problématique de l’Église du futur à partir des champs disciplinaires. Mike van Treek Nilsson, jeune bibliste chilien, s’interroge sur ce que peut apporter la Bible à la vie des sociétés et à un renouveau de l’Église quand elle est approchée par une exégèse qui tient compte de sa puissance d’imagination symbolique. Une approche sapientielle, littéraire et humaniste de la Bible permet d’ouvrir le matériau biblique et de le mettre en contact avec d’autres expériences de Dieu, d’initier des conversations avec d’autres univers. L’enjeu est d’éviter toute forme de fondamentalisme et d’instrumentalisation de la Bible au bénéfice de l’approfondissement des rencontres humaines et de la reconnaissance de l’activité de Dieu dans celles-ci.

La théologienne italienne Serena Noceti, ecclésiologue et spécialiste de la catéchèse, cherche à mettre en valeur comment, dans une période de sortie d’une Église euro-centrée grâce au pape François, il est nécessaire et possible de penser des transformations structurelles de l’Église. Il s’agit de reconfigurer les rôles et les fonctions, les pouvoirs et leur exercice, les modèles de communication intra-ecclésiaux. Des initiatives prophétiques dans des Eglises particulières et locales peuvent permettre de tenter des expériences qui pourraient être profitables à l’Église universelle pour sa mission évangélisatrice, tout en respectant les sensibilités culturelles.

La question numérique intéresse tout particulièrement l’activité missionnaire de l’Église à venir. Daniella Zsupan-Jerome, professeur de liturgie et pastorale, à New Orleans (USA), se fait l’avocate d’une présence pro-active de l’Église au sein du monde des technologies digitales de communication, et de la culture qu’elles créent. Ceci demande d’être attentif à trois aspects socio-culturels qu’elles soulèvent : la confiance, la possibilité de rencontres authentiques, le bouleversement des concepts d’autorité. En mettant l’accent sur l’Esprit Saint à propos de ces trois dimensions, elle cherche à élaborer des fondements pneumatologiques pour penser une Église qui témoigne de l’Évangile de façon volontaire et prophétique dans cette culture digitale.

Enfin, en forme d’une clé de voûte des éléments qui constituent cette réflexion et en écho à chacun, Thierry-Marie Courau, professeur de théologie de l’Institut Catholique de Paris, qui vient d’être élu à la présidence de notre revue, succédant au théologien indien Félix Wilfred qui l’a assumée avec grandes intelligence, clairvoyance et générosité pendant plus de onze ans (qu’il en soit ici chaleureusement remercié), suggère qu’une clé doit traverser l’esprit et la réforme de l’Église pour la rendre ajustée aux appels du futur : celle de l’écoute qui se déplie en action. Tout comme celui de dia-logue, ce terme doit intégrer le vocabulaire de la théologie et ses enseignements, et faire l’objet de travaux spécifiques de recherche en théologie, car il ne s’agit rien de moins qu’une question de la possibilité de réalisation du salut dans l’existence concrète, quotidienne, des personnes et des communautés, capable de transformer les sociétés. Elle se réalise, comme y invite la théologie du peuple du pape François, en passant par les yeux et les oreilles des plus pauvres, et met ainsi l’Église en condition de metanoïa suscitée par l’Esprit.

Le Forum théologique de ce numéro s’intéresse à la place de la théologie au sein de la réunion annuelle de l’American Academy of Religion (USA), à une réflexion sur l’édition théologique en Europe continentale occidentale, et sur les cinquante ans d’Humanae vitae.



Contents

Editorial

Part One: Framework and Method

Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise »
Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche »

Part Two: Global Perspectives

Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”
Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales »
Stan Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”

Part Three: Imagining the Church of the Future

Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro »
Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? »
Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”

Part Four: The Keystone

Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église »

Part Five: Theological Forum

Gerard Mannion, ”Theology and the American Academy of Religion”
Pierluigi Cabri & Gianluca Montaldi – « Teologia pubblica ed editoria. Una prospettiva dall’Europa continentale occidentale »
Antonio Autiero – « Humanae Vitae cinquant’anni dopo. Il senso di un anniversario »



Abstracts

Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise ». L’article aborde la question de la figure d’avenir de l’Eglise en traçant un chemin avec des carrefours et en esquissant, dans les traces de Vatican II, un processus de conversion ecclésiale en quatre étapes, permettant de laisser advenir l’Eglise de demain dont l’acteur principal est l’Esprit Saint. Quatre critères théologiques sont mis en avant : 1) le critère de « pastoralité », 2) le critère de « réforme évangélique », 3) le critère œcuménique et missionnaire et 4) le critère des « dons charismatiques et hiérarchiques », recadré par l’expérience de l’écoute synodale du « sens des fidèles ».

Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche ». L’articolo tenta di analizzare alcune linee di tendenza per la chiesa del futuro partendo dalle traiettorie aperte dal concilio Vaticano II e riprese di recente da papa Francesco. Pur tra situazioni locali diverse, alcune questioni sono comuni a tutta la chiesa globale: una concezione della leadership non isolata al ministero ordinato; una visione della ministerialità della chiesa come servizio; il ruolo delle donne nella comunità ecclesiale. Gli ultimi anni hanno messo in evidenza due spinte contrastanti: una globalizzazione della chiesa e allo stesso tempo all’interno della chiesa anche una crisi della globalizzazione (religiosa e non solo) sotto forma del ritorno di fenomeni di reazione neo-tradizionalista, in materia liturgica e non solo, che sarebbe inadeguato sottovalutare e considerare come sintomi passeggeri destinati a scomparire in breve tempo.

Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”. This article presents the global challenges that matter to the Church of the future. The first part traces the different facets of the Church as a global phenomenon. It complicates the prevailing view that Christianity is moving to the global south. The second part focuses on two challenges: generational shifts and global inequality. While not exhaustive, the discussion will provide some nuances regarding the issues at stake at a global level. The character of the Church of the future rests on how it responds to these present-day issues that will linger in the years ahead.

Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales ».La perspectiva de la “eclesiología práctica” puede resultar útil para imaginar la Iglesia del futuro a partir de la Iglesia real, santa y pecadora, que somos. Por su condición histórica, la comunidad eclesial está en una situación “tensionada” entre su realidad concreta y a veces contradictoria y la esperanza que brota de sus propios anhelos de reforma. El llamado a vivir en plenitud exige la humildad de confrontarse con el fracaso y el límite. Una mirada teológica práctica a la Iglesia podría articularse desde cuatro retos fundamentales: credibilidad débil, deformación clerical, sesgo masculino y mundanidad espiritual. Se trata de enfocar algunas cuestiones medulares que requieren ser consideradas para discernir qué Iglesia queremos.

Stan Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”. This essay looks at what the Church of the future in Africa could look like in the light the missionary reform of Catholic ecclesiology in Pope Francis. It also explores what World Catholicism will look like in such a future where African Catholics and churches are playing a significant role in shape the identity and mission of the Universal Church. Using the illuminative ecclesiology of Pope Francis as a guide, the essay looks at the present challenges and features of the Church in Africa. The essay concludes by laying the theological foundation of a roadmap for the Church in Africa. Such a Church, it will be shown will be an agent in reversing the unacceptable trajectory of history in the continent by being a poor and merciful Church fully involved in the mission of bringing about the fruits of the eschatological reign of God in both Africa and the world.

Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro ». This essay draws from Scripture a necessary and radical reform in the Church (particularly in terms of biblical work). The Word is ´useful for life´ since it nourishes symbolic imagination. Often sacred texts are read with a fundamentalist approach, and there is a lack of literary criteria and humanistic concern. Literature in today´s world has diverse understandings of reality, and biblical work also highlights plurality. What is important is an emancipatory and plural understanding of reality. Due to encounters with the ´other´, such understanding leads to an experience of God that is not self-centered. This essay offers criteria for changes in church and in society, and for including the Bible in humanistic studies.

Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? ». Lo sforzo di immaginazione di una Chiesa del futuro deve necessariamente scontare il limite di inserirsi in una particolare fase storica, segnata dalla ricezione del Vaticano II, che è un processo tutt’altro che lontano dalla sua conclusione. Il Concilio Vaticano II ha reso evidente che la Chiesa del futuro non può essere semplicemente concepita come la restaurazione di un modello storicamente superato quale quello determinato dal Concilio di Trento, ma deve fondarsi su una rigenerazione globale, capace sia di superare l’eurocentrismo che ha segnato gli ultimi secoli della sua storia, sia di superare il rigido steccato tra clero e laicato per coinvolgere l’intero popolo di Dio in questo processo di trasformazione. L’esortazione Evangelii gaudium di papa Francesco ha fornito spunti importanti di riflessione per avviare questo processo di trasformazione. Occorre ripensare profondamente il ruolo delle Chiese locali e valorizzarne il patrimonio di culture e tradizioni troppo a lungo sacrificato nell’ottica di una centralizzazione uniformante; ed è necessario altresì promuovere strutture di sinodalità ordinaria che consentano una effettiva partecipazione di tutti i battezzati nella formazione delle decisioni che presiedono alla vita delle comunità cristiane.

Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”. This essay explores digital culture and advocates for how the Church can be a pro-active presence in this context especially if attentive to three critical socio-cultural developments wrought by digital communication technologies: truthfulness, potential for authentic encounters, and shifting notions of authority. By emphasizing the work of the Holy Spirit as both constitutive of Church but also transformative for each of these three developments, the essay proposes building on pneumatological foundations toward a future Church, one that can be a prophetic and pro-active witness in digital culture.

Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église ». Nous vivons une époque où le salut semble être une idée éloignée de toute réalité contemporaine. Envisager l’Église du futur demande que le salut, donné en Christ qu’elle annonce, soit crédible et efficient dans la vie des personnes. Ceci demande un travail théologique et pastoral qui passe par les cris et les yeux des pauvres. Ce choix oblige de se tenir dans l’attitude de l’écoute, de l’obéissance. Le mot « écoute » n’appartient pas au vocabulaire théologique habituel. Pourtant, le péché trouve son origine précisément dans une écoute défaillante. L’écoute de la parole dans laquelle Dieu se donne, indissociable de l’action qu’elle suscite, se trouve comme la porte d’entrée de la réalisation du salut dont l’Église est le sacrement universel. Elle fonde sa capacité à vivre la metanoïa suscitée par l’Esprit pour aujourd’hui.

Concilium 2018-4. Kirche der Zukunft

Concilium 2018-4. Kirche der Zukunft

Herausgegeben von

Thierry-Marie Courau OP, Stefanie Knauss, Enrico Galavotti



Die Artikel werden von ihrem Autor in ihrer eigenen Sprache verfasst.


Vollständige Übersetzungen dieser Ausgabe sind in gedruckter Form in den folgenden Sprachen erhältlich:

English: The Church of the Future, International Journal of Theology – Concilium, 2018/4.

Español: La Iglesia del futuro, Revista internacional de teología – Concilium, 377, 2018.

German: Kirche der Zukunft, Internationale Zeitschrift für Theologie – Concilium, Ausgabe 4/2018.Zu diesem Heft

Hrvatski: Međunarodni teološki časopis – Concilium, 2018-4

Italiano: La Chiesa del futuro, Rivista internazionale di teologia – Concilium, 2018-4EditorialeAbstracts

Português: Revista internacional de teologia- Concilium, 2018-4.




Zu diesem Heft

Penser la transformation de l’Église pour lui permettre de répondre toujours mieux à sa mission est une activité qui naît avec sa constitution. A l’issue du dernier Concile, Karl Rahner le voyait comme un devoir et comme une chance. Les temps actuels sont ceux d’une crise culturelle profonde du monde où il s’agit d’apprendre à identifier les bouleversements en cours technologiques, économiques et sociétaux, les appels à de nouvelles structures d’autorité et de participation aux décisions, les mouvements de population liés à la globalisation, à la répartition des ressources et à l’environnement, etc. L’Église elle-même ne peut se contenter de se perpétuer comme un système rigide, fixé de façon définitive. Elle doit trouver sans cesse dans Celui qui la fonde et en conversation avec les mondes qu’elle se doit de rencontrer les moyens de se renouveler pour correspondre à sa tâche d’être sacrement universel de salut.

Quatre parties composent ce numéro : pourquoi et comment peut-on se poser la question de l’Église du futur ? ; comment les continents du « Sud » entrevoient-ils cette question ? ; quelques champs significatifs à partir desquels penser le futur ; à la recherche d’une clé de voûte. Bien entendu, cette réflexion n’a aucune prétention à l’exhaustivité ou à conclure le chantier. Elle est une ébauche et une invitation à aller plus loin, librement.

La première partie cherche à poser le cadre de la réflexion sur l’Église du futur sur un plan, d’une part théologique, et d’autre part historique et sociologique. Christoph Theobald, professeur de théologie fondamentale et dogmatique aux Facultés jésuites de Paris, introduit ce numéro en interrogeant la légitimité de vouloir dessiner la figure d’avenir de l’Église. Il y répond et se met dans les pas de Vatican II. Il indique ainsi un chemin où s’esquisse un processus de conversion ecclésiale en quatre moments avec, pour acteur principal, l’Esprit Saint. Apparaissent ainsi les critères théologiques qui doivent l’accompagner au plan mondial : la pastoralité, la réforme évangélique, le caractère œcuménique et le missionnaire, les dons charismatiques et hiérarchiques encadrés par l’écoute des fidèles.

L’historien de l’Église, Massimo Faggioli, professeur à Villanova University (Philadelphia, USA) fait une analyse historico-sociologique de quelques tendances qui peuvent être significatives pour l’Église du futur à partir des ouvertures faites par le Concile Vatican II et récemment par le pape François. Il s’interroge sur ce qui affecte l’époque, et sur sa qualification possible de transition, à partir de la pluralité des cultures, des événements tragiques du monde et de l’Église, du déclin sociologique, de la dés-institutionnalisation, de la question du ministère ordonné, de la place des femmes, de la culture populaire, et de la réaction néo-traditionnaliste.

La deuxième partie s’intéresse à préciser quelques carrefours vus à partir de trois continents dits du « Sud » : asiatique, latino-américain, africain. Le sociologue philippin, jeune chercheur à Ateneo de Manila University (Philippines), Jayeel Cornelio, part de la considération de l’Église comme phénomène mondial. Il montre d’abord que l’affirmation courante que le nouveau centre de l’Église est au « Sud » de la planète doit être nuancée. Puis il met l’accent sur deux défis : les jeunes générations et les inégalités qui ont de forts impacts sur la vie actuelle et à venir de la planète. La façon dont l’Église y répondra structurera profondément la forme qu’elle prendra.

Virginia Azcuy, professeur de théologie à l’Université catholique de Buenos Aires (Argentine) et chercheur à l’Université catholique du Chili, choisi de partir de la réalité de l’Église actuelle, complexe et ambigüe, afin d’imaginer son futur. Elle souligne la tension que vit l’institution entre ce qu’elle est capable de réaliser et ses aspirations à être en plénitude. Ceci lui demande d’affronter l’échec et la limite. Pour discerner quant aux caractères de l’Église du futur, la chercheuse propose de travailler en ecclésiologie pratique à partir de quatre défis qui lui paraissent fondamentaux : la faible crédibilité, la déformation cléricale, les préjugés masculins et la mondanité spirituelle.

Professeur à DePaul University (Chicago, USA), le chercheur nigérian en sciences du catholicisme africain, Stan Chu Llo, réfléchit à l’Église du futur en Afrique à la lumière de l’ecclésiologie du pape François. Il s’interroge sur un catholicisme mondial dans lequel les églises africaines sont en train de jouer un rôle significatif dans la formation de l’identité et de la mission de l’Église universelle. Il pose les bases théologiques d’une feuille de route pour l’Église d’Afrique qui devra s’engager dans la mission comme pauvre et miséricordieuse en vue de transformer les parcours tragiques et inacceptables de l’histoire du continent en fruits eschatologiques du Règne de Dieu.

Une fois passés par des points de vue géographiques où la théologie croise la sociologie, la troisième partie envisage la problématique de l’Église du futur à partir des champs disciplinaires. Mike van Treek Nilsson, jeune bibliste chilien, s’interroge sur ce que peut apporter la Bible à la vie des sociétés et à un renouveau de l’Église quand elle est approchée par une exégèse qui tient compte de sa puissance d’imagination symbolique. Une approche sapientielle, littéraire et humaniste de la Bible permet d’ouvrir le matériau biblique et de le mettre en contact avec d’autres expériences de Dieu, d’initier des conversations avec d’autres univers. L’enjeu est d’éviter toute forme de fondamentalisme et d’instrumentalisation de la Bible au bénéfice de l’approfondissement des rencontres humaines et de la reconnaissance de l’activité de Dieu dans celles-ci.

La théologienne italienne Serena Noceti, ecclésiologue et spécialiste de la catéchèse, cherche à mettre en valeur comment, dans une période de sortie d’une Église euro-centrée grâce au pape François, il est nécessaire et possible de penser des transformations structurelles de l’Église. Il s’agit de reconfigurer les rôles et les fonctions, les pouvoirs et leur exercice, les modèles de communication intra-ecclésiaux. Des initiatives prophétiques dans des Eglises particulières et locales peuvent permettre de tenter des expériences qui pourraient être profitables à l’Église universelle pour sa mission évangélisatrice, tout en respectant les sensibilités culturelles.

La question numérique intéresse tout particulièrement l’activité missionnaire de l’Église à venir. Daniella Zsupan-Jerome, professeur de liturgie et pastorale, à New Orleans (USA), se fait l’avocate d’une présence pro-active de l’Église au sein du monde des technologies digitales de communication, et de la culture qu’elles créent. Ceci demande d’être attentif à trois aspects socio-culturels qu’elles soulèvent : la confiance, la possibilité de rencontres authentiques, le bouleversement des concepts d’autorité. En mettant l’accent sur l’Esprit Saint à propos de ces trois dimensions, elle cherche à élaborer des fondements pneumatologiques pour penser une Église qui témoigne de l’Évangile de façon volontaire et prophétique dans cette culture digitale.

Enfin, en forme d’une clé de voûte des éléments qui constituent cette réflexion et en écho à chacun, Thierry-Marie Courau, professeur de théologie de l’Institut Catholique de Paris, qui vient d’être élu à la présidence de notre revue, succédant au théologien indien Félix Wilfred qui l’a assumée avec grandes intelligence, clairvoyance et générosité pendant plus de onze ans (qu’il en soit ici chaleureusement remercié), suggère qu’une clé doit traverser l’esprit et la réforme de l’Église pour la rendre ajustée aux appels du futur : celle de l’écoute qui se déplie en action. Tout comme celui de dia-logue, ce terme doit intégrer le vocabulaire de la théologie et ses enseignements, et faire l’objet de travaux spécifiques de recherche en théologie, car il ne s’agit rien de moins qu’une question de la possibilité de réalisation du salut dans l’existence concrète, quotidienne, des personnes et des communautés, capable de transformer les sociétés. Elle se réalise, comme y invite la théologie du peuple du pape François, en passant par les yeux et les oreilles des plus pauvres, et met ainsi l’Église en condition de metanoïa suscitée par l’Esprit.

Le Forum théologique de ce numéro s’intéresse à la place de la théologie au sein de la réunion annuelle de l’American Academy of Religion (USA), à une réflexion sur l’édition théologique en Europe continentale occidentale, et sur les cinquante ans d’Humanae vitae.



Inhaltsverzeichnis

Zu diesem Heft

Thema : Kirche der Zurkunft

Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise »
Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche »

Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”
Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales »
Stan Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”

Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro »
Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? »
Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”

Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église »

Theologisches Forum

Gerard Mannion, ”Theology and the American Academy of Religion”
Pierluigi Cabri & Gianluca Montaldi – « Teologia pubblica ed editoria. Una prospettiva dall’Europa continentale occidentale »
Antonio Autiero – « Humanae Vitae cinquant’anni dopo. Il senso di un anniversario »



Abstracts

Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise ». L’article aborde la question de la figure d’avenir de l’Eglise en traçant un chemin avec des carrefours et en esquissant, dans les traces de Vatican II, un processus de conversion ecclésiale en quatre étapes, permettant de laisser advenir l’Eglise de demain dont l’acteur principal est l’Esprit Saint. Quatre critères théologiques sont mis en avant : 1) le critère de « pastoralité », 2) le critère de « réforme évangélique », 3) le critère œcuménique et missionnaire et 4) le critère des « dons charismatiques et hiérarchiques », recadré par l’expérience de l’écoute synodale du « sens des fidèles ».

Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche ». L’articolo tenta di analizzare alcune linee di tendenza per la chiesa del futuro partendo dalle traiettorie aperte dal concilio Vaticano II e riprese di recente da papa Francesco. Pur tra situazioni locali diverse, alcune questioni sono comuni a tutta la chiesa globale: una concezione della leadership non isolata al ministero ordinato; una visione della ministerialità della chiesa come servizio; il ruolo delle donne nella comunità ecclesiale. Gli ultimi anni hanno messo in evidenza due spinte contrastanti: una globalizzazione della chiesa e allo stesso tempo all’interno della chiesa anche una crisi della globalizzazione (religiosa e non solo) sotto forma del ritorno di fenomeni di reazione neo-tradizionalista, in materia liturgica e non solo, che sarebbe inadeguato sottovalutare e considerare come sintomi passeggeri destinati a scomparire in breve tempo.

Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”. This article presents the global challenges that matter to the Church of the future. The first part traces the different facets of the Church as a global phenomenon. It complicates the prevailing view that Christianity is moving to the global south. The second part focuses on two challenges: generational shifts and global inequality. While not exhaustive, the discussion will provide some nuances regarding the issues at stake at a global level. The character of the Church of the future rests on how it responds to these present-day issues that will linger in the years ahead.

Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales ».La perspectiva de la “eclesiología práctica” puede resultar útil para imaginar la Iglesia del futuro a partir de la Iglesia real, santa y pecadora, que somos. Por su condición histórica, la comunidad eclesial está en una situación “tensionada” entre su realidad concreta y a veces contradictoria y la esperanza que brota de sus propios anhelos de reforma. El llamado a vivir en plenitud exige la humildad de confrontarse con el fracaso y el límite. Una mirada teológica práctica a la Iglesia podría articularse desde cuatro retos fundamentales: credibilidad débil, deformación clerical, sesgo masculino y mundanidad espiritual. Se trata de enfocar algunas cuestiones medulares que requieren ser consideradas para discernir qué Iglesia queremos.

Stan Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”. This essay looks at what the Church of the future in Africa could look like in the light the missionary reform of Catholic ecclesiology in Pope Francis. It also explores what World Catholicism will look like in such a future where African Catholics and churches are playing a significant role in shape the identity and mission of the Universal Church. Using the illuminative ecclesiology of Pope Francis as a guide, the essay looks at the present challenges and features of the Church in Africa. The essay concludes by laying the theological foundation of a roadmap for the Church in Africa. Such a Church, it will be shown will be an agent in reversing the unacceptable trajectory of history in the continent by being a poor and merciful Church fully involved in the mission of bringing about the fruits of the eschatological reign of God in both Africa and the world.

Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro ». This essay draws from Scripture a necessary and radical reform in the Church (particularly in terms of biblical work). The Word is ´useful for life´ since it nourishes symbolic imagination. Often sacred texts are read with a fundamentalist approach, and there is a lack of literary criteria and humanistic concern. Literature in today´s world has diverse understandings of reality, and biblical work also highlights plurality. What is important is an emancipatory and plural understanding of reality. Due to encounters with the ´other´, such understanding leads to an experience of God that is not self-centered. This essay offers criteria for changes in church and in society, and for including the Bible in humanistic studies.

Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? ». Lo sforzo di immaginazione di una Chiesa del futuro deve necessariamente scontare il limite di inserirsi in una particolare fase storica, segnata dalla ricezione del Vaticano II, che è un processo tutt’altro che lontano dalla sua conclusione. Il Concilio Vaticano II ha reso evidente che la Chiesa del futuro non può essere semplicemente concepita come la restaurazione di un modello storicamente superato quale quello determinato dal Concilio di Trento, ma deve fondarsi su una rigenerazione globale, capace sia di superare l’eurocentrismo che ha segnato gli ultimi secoli della sua storia, sia di superare il rigido steccato tra clero e laicato per coinvolgere l’intero popolo di Dio in questo processo di trasformazione. L’esortazione Evangelii gaudium di papa Francesco ha fornito spunti importanti di riflessione per avviare questo processo di trasformazione. Occorre ripensare profondamente il ruolo delle Chiese locali e valorizzarne il patrimonio di culture e tradizioni troppo a lungo sacrificato nell’ottica di una centralizzazione uniformante; ed è necessario altresì promuovere strutture di sinodalità ordinaria che consentano una effettiva partecipazione di tutti i battezzati nella formazione delle decisioni che presiedono alla vita delle comunità cristiane.

Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”. This essay explores digital culture and advocates for how the Church can be a pro-active presence in this context especially if attentive to three critical socio-cultural developments wrought by digital communication technologies: truthfulness, potential for authentic encounters, and shifting notions of authority. By emphasizing the work of the Holy Spirit as both constitutive of Church but also transformative for each of these three developments, the essay proposes building on pneumatological foundations toward a future Church, one that can be a prophetic and pro-active witness in digital culture.

Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église ». Nous vivons une époque où le salut semble être une idée éloignée de toute réalité contemporaine. Envisager l’Église du futur demande que le salut, donné en Christ qu’elle annonce, soit crédible et efficient dans la vie des personnes. Ceci demande un travail théologique et pastoral qui passe par les cris et les yeux des pauvres. Ce choix oblige de se tenir dans l’attitude de l’écoute, de l’obéissance. Le mot « écoute » n’appartient pas au vocabulaire théologique habituel. Pourtant, le péché trouve son origine précisément dans une écoute défaillante. L’écoute de la parole dans laquelle Dieu se donne, indissociable de l’action qu’elle suscite, se trouve comme la porte d’entrée de la réalisation du salut dont l’Église est le sacrement universel. Elle fonde sa capacité à vivre la metanoïa suscitée par l’Esprit pour aujourd’hui.

Concilium 2018-4. La Chiesa del futuro

Concilium 2018-4. La Chiesa del futuro

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Gli articoli sono scritti dal loro autore nella loro lingua.


Le traduzioni complete di questo fascicolo sono disponibili in formato cartaceo nelle seguenti lingue:





Indice del contenuto

Editoriale

Prima parte – Quadro generale e metodo

Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise »
Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche »

Seconda parte – Prospettive globali

Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”
Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales »
Stan Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”

Terza parte – Immaginare la Chiesa del futuro

Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro »
Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? »
Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”

Quarta parte – Una chiave di volta

Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église »

Forum teologico

Gerard Mannion, ”Theology and the American Academy of Religion”
Pierluigi Cabri & Gianluca Montaldi – « Teologia pubblica ed editoria. Una prospettiva dall’Europa continentale occidentale »
Antonio Autiero – « Humanae Vitae cinquant’anni dopo. Il senso di un anniversario »



Abstracts

Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise ». L’article aborde la question de la figure d’avenir de l’Eglise en traçant un chemin avec des carrefours et en esquissant, dans les traces de Vatican II, un processus de conversion ecclésiale en quatre étapes, permettant de laisser advenir l’Eglise de demain dont l’acteur principal est l’Esprit Saint. Quatre critères théologiques sont mis en avant : 1) le critère de « pastoralité », 2) le critère de « réforme évangélique », 3) le critère œcuménique et missionnaire et 4) le critère des « dons charismatiques et hiérarchiques », recadré par l’expérience de l’écoute synodale du « sens des fidèles ».

Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche ». L’articolo tenta di analizzare alcune linee di tendenza per la chiesa del futuro partendo dalle traiettorie aperte dal concilio Vaticano II e riprese di recente da papa Francesco. Pur tra situazioni locali diverse, alcune questioni sono comuni a tutta la chiesa globale: una concezione della leadership non isolata al ministero ordinato; una visione della ministerialità della chiesa come servizio; il ruolo delle donne nella comunità ecclesiale. Gli ultimi anni hanno messo in evidenza due spinte contrastanti: una globalizzazione della chiesa e allo stesso tempo all’interno della chiesa anche una crisi della globalizzazione (religiosa e non solo) sotto forma del ritorno di fenomeni di reazione neo-tradizionalista, in materia liturgica e non solo, che sarebbe inadeguato sottovalutare e considerare come sintomi passeggeri destinati a scomparire in breve tempo.

Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”. This article presents the global challenges that matter to the Church of the future. The first part traces the different facets of the Church as a global phenomenon. It complicates the prevailing view that Christianity is moving to the global south. The second part focuses on two challenges: generational shifts and global inequality. While not exhaustive, the discussion will provide some nuances regarding the issues at stake at a global level. The character of the Church of the future rests on how it responds to these present-day issues that will linger in the years ahead.

Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales ».La perspectiva de la “eclesiología práctica” puede resultar útil para imaginar la Iglesia del futuro a partir de la Iglesia real, santa y pecadora, que somos. Por su condición histórica, la comunidad eclesial está en una situación “tensionada” entre su realidad concreta y a veces contradictoria y la esperanza que brota de sus propios anhelos de reforma. El llamado a vivir en plenitud exige la humildad de confrontarse con el fracaso y el límite. Una mirada teológica práctica a la Iglesia podría articularse desde cuatro retos fundamentales: credibilidad débil, deformación clerical, sesgo masculino y mundanidad espiritual. Se trata de enfocar algunas cuestiones medulares que requieren ser consideradas para discernir qué Iglesia queremos.

Stan Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”. This essay looks at what the Church of the future in Africa could look like in the light the missionary reform of Catholic ecclesiology in Pope Francis. It also explores what World Catholicism will look like in such a future where African Catholics and churches are playing a significant role in shape the identity and mission of the Universal Church. Using the illuminative ecclesiology of Pope Francis as a guide, the essay looks at the present challenges and features of the Church in Africa. The essay concludes by laying the theological foundation of a roadmap for the Church in Africa. Such a Church, it will be shown will be an agent in reversing the unacceptable trajectory of history in the continent by being a poor and merciful Church fully involved in the mission of bringing about the fruits of the eschatological reign of God in both Africa and the world.

Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro ». This essay draws from Scripture a necessary and radical reform in the Church (particularly in terms of biblical work). The Word is ´useful for life´ since it nourishes symbolic imagination. Often sacred texts are read with a fundamentalist approach, and there is a lack of literary criteria and humanistic concern. Literature in today´s world has diverse understandings of reality, and biblical work also highlights plurality. What is important is an emancipatory and plural understanding of reality. Due to encounters with the ´other´, such understanding leads to an experience of God that is not self-centered. This essay offers criteria for changes in church and in society, and for including the Bible in humanistic studies.

Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? ». Lo sforzo di immaginazione di una Chiesa del futuro deve necessariamente scontare il limite di inserirsi in una particolare fase storica, segnata dalla ricezione del Vaticano II, che è un processo tutt’altro che lontano dalla sua conclusione. Il Concilio Vaticano II ha reso evidente che la Chiesa del futuro non può essere semplicemente concepita come la restaurazione di un modello storicamente superato quale quello determinato dal Concilio di Trento, ma deve fondarsi su una rigenerazione globale, capace sia di superare l’eurocentrismo che ha segnato gli ultimi secoli della sua storia, sia di superare il rigido steccato tra clero e laicato per coinvolgere l’intero popolo di Dio in questo processo di trasformazione. L’esortazione Evangelii gaudium di papa Francesco ha fornito spunti importanti di riflessione per avviare questo processo di trasformazione. Occorre ripensare profondamente il ruolo delle Chiese locali e valorizzarne il patrimonio di culture e tradizioni troppo a lungo sacrificato nell’ottica di una centralizzazione uniformante; ed è necessario altresì promuovere strutture di sinodalità ordinaria che consentano una effettiva partecipazione di tutti i battezzati nella formazione delle decisioni che presiedono alla vita delle comunità cristiane.

Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”. This essay explores digital culture and advocates for how the Church can be a pro-active presence in this context especially if attentive to three critical socio-cultural developments wrought by digital communication technologies: truthfulness, potential for authentic encounters, and shifting notions of authority. By emphasizing the work of the Holy Spirit as both constitutive of Church but also transformative for each of these three developments, the essay proposes building on pneumatological foundations toward a future Church, one that can be a prophetic and pro-active witness in digital culture.

Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église ». Nous vivons une époque où le salut semble être une idée éloignée de toute réalité contemporaine. Envisager l’Église du futur demande que le salut, donné en Christ qu’elle annonce, soit crédible et efficient dans la vie des personnes. Ceci demande un travail théologique et pastoral qui passe par les cris et les yeux des pauvres. Ce choix oblige de se tenir dans l’attitude de l’écoute, de l’obéissance. Le mot « écoute » n’appartient pas au vocabulaire théologique habituel. Pourtant, le péché trouve son origine précisément dans une écoute défaillante. L’écoute de la parole dans laquelle Dieu se donne, indissociable de l’action qu’elle suscite, se trouve comme la porte d’entrée de la réalisation du salut dont l’Église est le sacrement universel. Elle fonde sa capacité à vivre la metanoïa suscitée par l’Esprit pour aujourd’hui.

Concilium 2018-4. A Igreja do futuro


Concilium 2018-4- A Igreja do futuro

Gestão de números

Thierry-Marie Courau OP, Stefanie Knauss, Enrico Galavotti



Os artigos são escritos pelo seu autor na sua própria língua.


As traduções completas desta edição estão disponíveis em papel nas seguintes línguas:

English: The Church of the Future, International Journal of Theology – Concilium, 2018/4.

Español: La Iglesia del futuro, Revista internacional de teología – Concilium, 377, 2018.

German: Kirche der Zukunft, Internationale Zeitschrift für Theologie – Concilium, Ausgabe 4/2018.Zu diesem Heft

Hrvatski: Međunarodni teološki časopis – Concilium, 2018-4

Italiano: La Chiesa del futuro, Rivista internazionale di teologia – Concilium, 2018-4EditorialeAbstracts

Português: Revista internacional de teologia- Concilium, 2018-4.




Editorial

Penser la transformation de l’Église pour lui permettre de répondre toujours mieux à sa mission est une activité qui naît avec sa constitution. A l’issue du dernier Concile, Karl Rahner le voyait comme un devoir et comme une chance. Les temps actuels sont ceux d’une crise culturelle profonde du monde où il s’agit d’apprendre à identifier les bouleversements en cours technologiques, économiques et sociétaux, les appels à de nouvelles structures d’autorité et de participation aux décisions, les mouvements de population liés à la globalisation, à la répartition des ressources et à l’environnement, etc. L’Église elle-même ne peut se contenter de se perpétuer comme un système rigide, fixé de façon définitive. Elle doit trouver sans cesse dans Celui qui la fonde et en conversation avec les mondes qu’elle se doit de rencontrer les moyens de se renouveler pour correspondre à sa tâche d’être sacrement universel de salut.

Quatre parties composent ce numéro : pourquoi et comment peut-on se poser la question de l’Église du futur ? ; comment les continents du « Sud » entrevoient-ils cette question ? ; quelques champs significatifs à partir desquels penser le futur ; à la recherche d’une clé de voûte. Bien entendu, cette réflexion n’a aucune prétention à l’exhaustivité ou à conclure le chantier. Elle est une ébauche et une invitation à aller plus loin, librement.

La première partie cherche à poser le cadre de la réflexion sur l’Église du futur sur un plan, d’une part théologique, et d’autre part historique et sociologique. Christoph Theobald, professeur de théologie fondamentale et dogmatique aux Facultés jésuites de Paris, introduit ce numéro en interrogeant la légitimité de vouloir dessiner la figure d’avenir de l’Église. Il y répond et se met dans les pas de Vatican II. Il indique ainsi un chemin où s’esquisse un processus de conversion ecclésiale en quatre moments avec, pour acteur principal, l’Esprit Saint. Apparaissent ainsi les critères théologiques qui doivent l’accompagner au plan mondial : la pastoralité, la réforme évangélique, le caractère œcuménique et le missionnaire, les dons charismatiques et hiérarchiques encadrés par l’écoute des fidèles.

L’historien de l’Église, Massimo Faggioli, professeur à Villanova University (Philadelphia, USA) fait une analyse historico-sociologique de quelques tendances qui peuvent être significatives pour l’Église du futur à partir des ouvertures faites par le Concile Vatican II et récemment par le pape François. Il s’interroge sur ce qui affecte l’époque, et sur sa qualification possible de transition, à partir de la pluralité des cultures, des événements tragiques du monde et de l’Église, du déclin sociologique, de la dés-institutionnalisation, de la question du ministère ordonné, de la place des femmes, de la culture populaire, et de la réaction néo-traditionnaliste.

La deuxième partie s’intéresse à préciser quelques carrefours vus à partir de trois continents dits du « Sud » : asiatique, latino-américain, africain. Le sociologue philippin, jeune chercheur à Ateneo de Manila University (Philippines), Jayeel Cornelio, part de la considération de l’Église comme phénomène mondial. Il montre d’abord que l’affirmation courante que le nouveau centre de l’Église est au « Sud » de la planète doit être nuancée. Puis il met l’accent sur deux défis : les jeunes générations et les inégalités qui ont de forts impacts sur la vie actuelle et à venir de la planète. La façon dont l’Église y répondra structurera profondément la forme qu’elle prendra.

Virginia Azcuy, professeur de théologie à l’Université catholique de Buenos Aires (Argentine) et chercheur à l’Université catholique du Chili, choisi de partir de la réalité de l’Église actuelle, complexe et ambigüe, afin d’imaginer son futur. Elle souligne la tension que vit l’institution entre ce qu’elle est capable de réaliser et ses aspirations à être en plénitude. Ceci lui demande d’affronter l’échec et la limite. Pour discerner quant aux caractères de l’Église du futur, la chercheuse propose de travailler en ecclésiologie pratique à partir de quatre défis qui lui paraissent fondamentaux : la faible crédibilité, la déformation cléricale, les préjugés masculins et la mondanité spirituelle.

Professeur à DePaul University (Chicago, USA), le chercheur nigérian en sciences du catholicisme africain, Stan Chu Llo, réfléchit à l’Église du futur en Afrique à la lumière de l’ecclésiologie du pape François. Il s’interroge sur un catholicisme mondial dans lequel les églises africaines sont en train de jouer un rôle significatif dans la formation de l’identité et de la mission de l’Église universelle. Il pose les bases théologiques d’une feuille de route pour l’Église d’Afrique qui devra s’engager dans la mission comme pauvre et miséricordieuse en vue de transformer les parcours tragiques et inacceptables de l’histoire du continent en fruits eschatologiques du Règne de Dieu.

Une fois passés par des points de vue géographiques où la théologie croise la sociologie, la troisième partie envisage la problématique de l’Église du futur à partir des champs disciplinaires. Mike van Treek Nilsson, jeune bibliste chilien, s’interroge sur ce que peut apporter la Bible à la vie des sociétés et à un renouveau de l’Église quand elle est approchée par une exégèse qui tient compte de sa puissance d’imagination symbolique. Une approche sapientielle, littéraire et humaniste de la Bible permet d’ouvrir le matériau biblique et de le mettre en contact avec d’autres expériences de Dieu, d’initier des conversations avec d’autres univers. L’enjeu est d’éviter toute forme de fondamentalisme et d’instrumentalisation de la Bible au bénéfice de l’approfondissement des rencontres humaines et de la reconnaissance de l’activité de Dieu dans celles-ci.

La théologienne italienne Serena Noceti, ecclésiologue et spécialiste de la catéchèse, cherche à mettre en valeur comment, dans une période de sortie d’une Église euro-centrée grâce au pape François, il est nécessaire et possible de penser des transformations structurelles de l’Église. Il s’agit de reconfigurer les rôles et les fonctions, les pouvoirs et leur exercice, les modèles de communication intra-ecclésiaux. Des initiatives prophétiques dans des Eglises particulières et locales peuvent permettre de tenter des expériences qui pourraient être profitables à l’Église universelle pour sa mission évangélisatrice, tout en respectant les sensibilités culturelles.

La question numérique intéresse tout particulièrement l’activité missionnaire de l’Église à venir. Daniella Zsupan-Jerome, professeur de liturgie et pastorale, à New Orleans (USA), se fait l’avocate d’une présence pro-active de l’Église au sein du monde des technologies digitales de communication, et de la culture qu’elles créent. Ceci demande d’être attentif à trois aspects socio-culturels qu’elles soulèvent : la confiance, la possibilité de rencontres authentiques, le bouleversement des concepts d’autorité. En mettant l’accent sur l’Esprit Saint à propos de ces trois dimensions, elle cherche à élaborer des fondements pneumatologiques pour penser une Église qui témoigne de l’Évangile de façon volontaire et prophétique dans cette culture digitale.

Enfin, en forme d’une clé de voûte des éléments qui constituent cette réflexion et en écho à chacun, Thierry-Marie Courau, professeur de théologie de l’Institut Catholique de Paris, qui vient d’être élu à la présidence de notre revue, succédant au théologien indien Félix Wilfred qui l’a assumée avec grandes intelligence, clairvoyance et générosité pendant plus de onze ans (qu’il en soit ici chaleureusement remercié), suggère qu’une clé doit traverser l’esprit et la réforme de l’Église pour la rendre ajustée aux appels du futur : celle de l’écoute qui se déplie en action. Tout comme celui de dia-logue, ce terme doit intégrer le vocabulaire de la théologie et ses enseignements, et faire l’objet de travaux spécifiques de recherche en théologie, car il ne s’agit rien de moins qu’une question de la possibilité de réalisation du salut dans l’existence concrète, quotidienne, des personnes et des communautés, capable de transformer les sociétés. Elle se réalise, comme y invite la théologie du peuple du pape François, en passant par les yeux et les oreilles des plus pauvres, et met ainsi l’Église en condition de metanoïa suscitée par l’Esprit.

Le Forum théologique de ce numéro s’intéresse à la place de la théologie au sein de la réunion annuelle de l’American Academy of Religion (USA), à une réflexion sur l’édition théologique en Europe continentale occidentale, et sur les cinquante ans d’Humanae vitae.

Índice

Editorial

Parte I – Enquadramento e Metodologia

Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise »
Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche »

Parte II – Perspectivas globais

Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”
Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales »
Stan Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”

Parte III – Imaginar a Igreja do Futuro

Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro »
Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? »
Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”

Parte IV – Pedra-chave

Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église »

Fórum Teológico

Gerard Mannion, ”Theology and the American Academy of Religion”
Pierluigi Cabri & Gianluca Montaldi – « Teologia pubblica ed editoria. Una prospettiva dall’Europa continentale occidentale »
Antonio Autiero – « Humanae Vitae cinquant’anni dopo. Il senso di un anniversario »

Resumo dos artigos

Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise ». L’article aborde la question de la figure d’avenir de l’Eglise en traçant un chemin avec des carrefours et en esquissant, dans les traces de Vatican II, un processus de conversion ecclésiale en quatre étapes, permettant de laisser advenir l’Eglise de demain dont l’acteur principal est l’Esprit Saint. Quatre critères théologiques sont mis en avant : 1) le critère de « pastoralité », 2) le critère de « réforme évangélique », 3) le critère œcuménique et missionnaire et 4) le critère des « dons charismatiques et hiérarchiques », recadré par l’expérience de l’écoute synodale du « sens des fidèles ».

Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche ». L’articolo tenta di analizzare alcune linee di tendenza per la chiesa del futuro partendo dalle traiettorie aperte dal concilio Vaticano II e riprese di recente da papa Francesco. Pur tra situazioni locali diverse, alcune questioni sono comuni a tutta la chiesa globale: una concezione della leadership non isolata al ministero ordinato; una visione della ministerialità della chiesa come servizio; il ruolo delle donne nella comunità ecclesiale. Gli ultimi anni hanno messo in evidenza due spinte contrastanti: una globalizzazione della chiesa e allo stesso tempo all’interno della chiesa anche una crisi della globalizzazione (religiosa e non solo) sotto forma del ritorno di fenomeni di reazione neo-tradizionalista, in materia liturgica e non solo, che sarebbe inadeguato sottovalutare e considerare come sintomi passeggeri destinati a scomparire in breve tempo.

Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”. This article presents the global challenges that matter to the Church of the future. The first part traces the different facets of the Church as a global phenomenon. It complicates the prevailing view that Christianity is moving to the global south. The second part focuses on two challenges: generational shifts and global inequality. While not exhaustive, the discussion will provide some nuances regarding the issues at stake at a global level. The character of the Church of the future rests on how it responds to these present-day issues that will linger in the years ahead.

Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales ».La perspectiva de la “eclesiología práctica” puede resultar útil para imaginar la Iglesia del futuro a partir de la Iglesia real, santa y pecadora, que somos. Por su condición histórica, la comunidad eclesial está en una situación “tensionada” entre su realidad concreta y a veces contradictoria y la esperanza que brota de sus propios anhelos de reforma. El llamado a vivir en plenitud exige la humildad de confrontarse con el fracaso y el límite. Una mirada teológica práctica a la Iglesia podría articularse desde cuatro retos fundamentales: credibilidad débil, deformación clerical, sesgo masculino y mundanidad espiritual. Se trata de enfocar algunas cuestiones medulares que requieren ser consideradas para discernir qué Iglesia queremos.

Stan Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”. This essay looks at what the Church of the future in Africa could look like in the light the missionary reform of Catholic ecclesiology in Pope Francis. It also explores what World Catholicism will look like in such a future where African Catholics and churches are playing a significant role in shape the identity and mission of the Universal Church. Using the illuminative ecclesiology of Pope Francis as a guide, the essay looks at the present challenges and features of the Church in Africa. The essay concludes by laying the theological foundation of a roadmap for the Church in Africa. Such a Church, it will be shown will be an agent in reversing the unacceptable trajectory of history in the continent by being a poor and merciful Church fully involved in the mission of bringing about the fruits of the eschatological reign of God in both Africa and the world.

Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro ». This essay draws from Scripture a necessary and radical reform in the Church (particularly in terms of biblical work). The Word is ´useful for life´ since it nourishes symbolic imagination. Often sacred texts are read with a fundamentalist approach, and there is a lack of literary criteria and humanistic concern. Literature in today´s world has diverse understandings of reality, and biblical work also highlights plurality. What is important is an emancipatory and plural understanding of reality. Due to encounters with the ´other´, such understanding leads to an experience of God that is not self-centered. This essay offers criteria for changes in church and in society, and for including the Bible in humanistic studies.

Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? ». Lo sforzo di immaginazione di una Chiesa del futuro deve necessariamente scontare il limite di inserirsi in una particolare fase storica, segnata dalla ricezione del Vaticano II, che è un processo tutt’altro che lontano dalla sua conclusione. Il Concilio Vaticano II ha reso evidente che la Chiesa del futuro non può essere semplicemente concepita come la restaurazione di un modello storicamente superato quale quello determinato dal Concilio di Trento, ma deve fondarsi su una rigenerazione globale, capace sia di superare l’eurocentrismo che ha segnato gli ultimi secoli della sua storia, sia di superare il rigido steccato tra clero e laicato per coinvolgere l’intero popolo di Dio in questo processo di trasformazione. L’esortazione Evangelii gaudium di papa Francesco ha fornito spunti importanti di riflessione per avviare questo processo di trasformazione. Occorre ripensare profondamente il ruolo delle Chiese locali e valorizzarne il patrimonio di culture e tradizioni troppo a lungo sacrificato nell’ottica di una centralizzazione uniformante; ed è necessario altresì promuovere strutture di sinodalità ordinaria che consentano una effettiva partecipazione di tutti i battezzati nella formazione delle decisioni che presiedono alla vita delle comunità cristiane.

Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”. This essay explores digital culture and advocates for how the Church can be a pro-active presence in this context especially if attentive to three critical socio-cultural developments wrought by digital communication technologies: truthfulness, potential for authentic encounters, and shifting notions of authority. By emphasizing the work of the Holy Spirit as both constitutive of Church but also transformative for each of these three developments, the essay proposes building on pneumatological foundations toward a future Church, one that can be a prophetic and pro-active witness in digital culture.

Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église ». Nous vivons une époque où le salut semble être une idée éloignée de toute réalité contemporaine. Envisager l’Église du futur demande que le salut, donné en Christ qu’elle annonce, soit crédible et efficient dans la vie des personnes. Ceci demande un travail théologique et pastoral qui passe par les cris et les yeux des pauvres. Ce choix oblige de se tenir dans l’attitude de l’écoute, de l’obéissance. Le mot « écoute » n’appartient pas au vocabulaire théologique habituel. Pourtant, le péché trouve son origine précisément dans une écoute défaillante. L’écoute de la parole dans laquelle Dieu se donne, indissociable de l’action qu’elle suscite, se trouve comme la porte d’entrée de la réalisation du salut dont l’Église est le sacrement universel. Elle fonde sa capacité à vivre la metanoïa suscitée par l’Esprit pour aujourd’hui.

Concilium 2018-4. La Iglesia del Futuro

Concilium 2018-4. La Iglesia del Futuro

Gestión de números

Thierry-Marie Courau OP, Stefanie Knauss, Enrico Galavotti



Los artículos están escritos por su autor en su propio idioma.


Las traducciones completas de este número están disponibles en copia impresa en los siguientes idiomas:

English: The Church of the Future, International Journal of Theology – Concilium, 2018/4.

Español: La Iglesia del futuro, Revista internacional de teología – Concilium, 377, 2018.

German: Kirche der Zukunft, Internationale Zeitschrift für Theologie – Concilium, Ausgabe 4/2018.Zu diesem Heft

Hrvatski: Međunarodni teološki časopis – Concilium, 2018-4

Italiano: La Chiesa del futuro, Rivista internazionale di teologia – Concilium, 2018-4EditorialeAbstracts

Português: Revista internacional de teologia- Concilium, 2018-4.




Editorial

Penser la transformation de l’Église pour lui permettre de répondre toujours mieux à sa mission est une activité qui naît avec sa constitution. A l’issue du dernier Concile, Karl Rahner le voyait comme un devoir et comme une chance. Les temps actuels sont ceux d’une crise culturelle profonde du monde où il s’agit d’apprendre à identifier les bouleversements en cours technologiques, économiques et sociétaux, les appels à de nouvelles structures d’autorité et de participation aux décisions, les mouvements de population liés à la globalisation, à la répartition des ressources et à l’environnement, etc. L’Église elle-même ne peut se contenter de se perpétuer comme un système rigide, fixé de façon définitive. Elle doit trouver sans cesse dans Celui qui la fonde et en conversation avec les mondes qu’elle se doit de rencontrer les moyens de se renouveler pour correspondre à sa tâche d’être sacrement universel de salut.

Quatre parties composent ce numéro : pourquoi et comment peut-on se poser la question de l’Église du futur ? ; comment les continents du « Sud » entrevoient-ils cette question ? ; quelques champs significatifs à partir desquels penser le futur ; à la recherche d’une clé de voûte. Bien entendu, cette réflexion n’a aucune prétention à l’exhaustivité ou à conclure le chantier. Elle est une ébauche et une invitation à aller plus loin, librement.

La première partie cherche à poser le cadre de la réflexion sur l’Église du futur sur un plan, d’une part théologique, et d’autre part historique et sociologique. Christoph Theobald, professeur de théologie fondamentale et dogmatique aux Facultés jésuites de Paris, introduit ce numéro en interrogeant la légitimité de vouloir dessiner la figure d’avenir de l’Église. Il y répond et se met dans les pas de Vatican II. Il indique ainsi un chemin où s’esquisse un processus de conversion ecclésiale en quatre moments avec, pour acteur principal, l’Esprit Saint. Apparaissent ainsi les critères théologiques qui doivent l’accompagner au plan mondial : la pastoralité, la réforme évangélique, le caractère œcuménique et le missionnaire, les dons charismatiques et hiérarchiques encadrés par l’écoute des fidèles.

L’historien de l’Église, Massimo Faggioli, professeur à Villanova University (Philadelphia, USA) fait une analyse historico-sociologique de quelques tendances qui peuvent être significatives pour l’Église du futur à partir des ouvertures faites par le Concile Vatican II et récemment par le pape François. Il s’interroge sur ce qui affecte l’époque, et sur sa qualification possible de transition, à partir de la pluralité des cultures, des événements tragiques du monde et de l’Église, du déclin sociologique, de la dés-institutionnalisation, de la question du ministère ordonné, de la place des femmes, de la culture populaire, et de la réaction néo-traditionnaliste.

La deuxième partie s’intéresse à préciser quelques carrefours vus à partir de trois continents dits du « Sud » : asiatique, latino-américain, africain. Le sociologue philippin, jeune chercheur à Ateneo de Manila University (Philippines), Jayeel Cornelio, part de la considération de l’Église comme phénomène mondial. Il montre d’abord que l’affirmation courante que le nouveau centre de l’Église est au « Sud » de la planète doit être nuancée. Puis il met l’accent sur deux défis : les jeunes générations et les inégalités qui ont de forts impacts sur la vie actuelle et à venir de la planète. La façon dont l’Église y répondra structurera profondément la forme qu’elle prendra.

Virginia Azcuy, professeur de théologie à l’Université catholique de Buenos Aires (Argentine) et chercheur à l’Université catholique du Chili, choisi de partir de la réalité de l’Église actuelle, complexe et ambigüe, afin d’imaginer son futur. Elle souligne la tension que vit l’institution entre ce qu’elle est capable de réaliser et ses aspirations à être en plénitude. Ceci lui demande d’affronter l’échec et la limite. Pour discerner quant aux caractères de l’Église du futur, la chercheuse propose de travailler en ecclésiologie pratique à partir de quatre défis qui lui paraissent fondamentaux : la faible crédibilité, la déformation cléricale, les préjugés masculins et la mondanité spirituelle.

Professeur à DePaul University (Chicago, USA), le chercheur nigérian en sciences du catholicisme africain, Stan Chu Llo, réfléchit à l’Église du futur en Afrique à la lumière de l’ecclésiologie du pape François. Il s’interroge sur un catholicisme mondial dans lequel les églises africaines sont en train de jouer un rôle significatif dans la formation de l’identité et de la mission de l’Église universelle. Il pose les bases théologiques d’une feuille de route pour l’Église d’Afrique qui devra s’engager dans la mission comme pauvre et miséricordieuse en vue de transformer les parcours tragiques et inacceptables de l’histoire du continent en fruits eschatologiques du Règne de Dieu.

Une fois passés par des points de vue géographiques où la théologie croise la sociologie, la troisième partie envisage la problématique de l’Église du futur à partir des champs disciplinaires. Mike van Treek Nilsson, jeune bibliste chilien, s’interroge sur ce que peut apporter la Bible à la vie des sociétés et à un renouveau de l’Église quand elle est approchée par une exégèse qui tient compte de sa puissance d’imagination symbolique. Une approche sapientielle, littéraire et humaniste de la Bible permet d’ouvrir le matériau biblique et de le mettre en contact avec d’autres expériences de Dieu, d’initier des conversations avec d’autres univers. L’enjeu est d’éviter toute forme de fondamentalisme et d’instrumentalisation de la Bible au bénéfice de l’approfondissement des rencontres humaines et de la reconnaissance de l’activité de Dieu dans celles-ci.

La théologienne italienne Serena Noceti, ecclésiologue et spécialiste de la catéchèse, cherche à mettre en valeur comment, dans une période de sortie d’une Église euro-centrée grâce au pape François, il est nécessaire et possible de penser des transformations structurelles de l’Église. Il s’agit de reconfigurer les rôles et les fonctions, les pouvoirs et leur exercice, les modèles de communication intra-ecclésiaux. Des initiatives prophétiques dans des Eglises particulières et locales peuvent permettre de tenter des expériences qui pourraient être profitables à l’Église universelle pour sa mission évangélisatrice, tout en respectant les sensibilités culturelles.

La question numérique intéresse tout particulièrement l’activité missionnaire de l’Église à venir. Daniella Zsupan-Jerome, professeur de liturgie et pastorale, à New Orleans (USA), se fait l’avocate d’une présence pro-active de l’Église au sein du monde des technologies digitales de communication, et de la culture qu’elles créent. Ceci demande d’être attentif à trois aspects socio-culturels qu’elles soulèvent : la confiance, la possibilité de rencontres authentiques, le bouleversement des concepts d’autorité. En mettant l’accent sur l’Esprit Saint à propos de ces trois dimensions, elle cherche à élaborer des fondements pneumatologiques pour penser une Église qui témoigne de l’Évangile de façon volontaire et prophétique dans cette culture digitale.

Enfin, en forme d’une clé de voûte des éléments qui constituent cette réflexion et en écho à chacun, Thierry-Marie Courau, professeur de théologie de l’Institut Catholique de Paris, qui vient d’être élu à la présidence de notre revue, succédant au théologien indien Félix Wilfred qui l’a assumée avec grandes intelligence, clairvoyance et générosité pendant plus de onze ans (qu’il en soit ici chaleureusement remercié), suggère qu’une clé doit traverser l’esprit et la réforme de l’Église pour la rendre ajustée aux appels du futur : celle de l’écoute qui se déplie en action. Tout comme celui de dia-logue, ce terme doit intégrer le vocabulaire de la théologie et ses enseignements, et faire l’objet de travaux spécifiques de recherche en théologie, car il ne s’agit rien de moins qu’une question de la possibilité de réalisation du salut dans l’existence concrète, quotidienne, des personnes et des communautés, capable de transformer les sociétés. Elle se réalise, comme y invite la théologie du peuple du pape François, en passant par les yeux et les oreilles des plus pauvres, et met ainsi l’Église en condition de metanoïa suscitée par l’Esprit.

Le Forum théologique de ce numéro s’intéresse à la place de la théologie au sein de la réunion annuelle de l’American Academy of Religion (USA), à une réflexion sur l’édition théologique en Europe continentale occidentale, et sur les cinquante ans d’Humanae vitae.



Índice de contenido

Editorial

Parte I – Marco de reflexion y método

Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise »
Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche »

Segunda parte – Perspectivas globales

Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”
Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales »
Stan Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”

Tercera parte – Imaginar la Iglesia del futuro

Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro »
Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? »
Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”

Cuarta parte – Clave de bóveda

Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église »

Foro teológico

Gerard Mannion, ”Theology and the American Academy of Religion”
Pierluigi Cabri & Gianluca Montaldi – « Teologia pubblica ed editoria. Una prospettiva dall’Europa continentale occidentale »
Antonio Autiero – « Humanae Vitae cinquant’anni dopo. Il senso di un anniversario »



Resumen de los artículos

Christoph Theobald SJ – « Le courage d’anticiper l’avenir de l’Eglise ». L’article aborde la question de la figure d’avenir de l’Eglise en traçant un chemin avec des carrefours et en esquissant, dans les traces de Vatican II, un processus de conversion ecclésiale en quatre étapes, permettant de laisser advenir l’Eglise de demain dont l’acteur principal est l’Esprit Saint. Quatre critères théologiques sont mis en avant : 1) le critère de « pastoralité », 2) le critère de « réforme évangélique », 3) le critère œcuménique et missionnaire et 4) le critère des « dons charismatiques et hiérarchiques », recadré par l’expérience de l’écoute synodale du « sens des fidèles ».

Massimo Faggioli – « La chiesa del futuro: prospettive storiche e sociologiche ». L’articolo tenta di analizzare alcune linee di tendenza per la chiesa del futuro partendo dalle traiettorie aperte dal concilio Vaticano II e riprese di recente da papa Francesco. Pur tra situazioni locali diverse, alcune questioni sono comuni a tutta la chiesa globale: una concezione della leadership non isolata al ministero ordinato; una visione della ministerialità della chiesa come servizio; il ruolo delle donne nella comunità ecclesiale. Gli ultimi anni hanno messo in evidenza due spinte contrastanti: una globalizzazione della chiesa e allo stesso tempo all’interno della chiesa anche una crisi della globalizzazione (religiosa e non solo) sotto forma del ritorno di fenomeni di reazione neo-tradizionalista, in materia liturgica e non solo, che sarebbe inadeguato sottovalutare e considerare come sintomi passeggeri destinati a scomparire in breve tempo.

Jayeel Cornelio – “The Global Challenges of the Church of the Future”. This article presents the global challenges that matter to the Church of the future. The first part traces the different facets of the Church as a global phenomenon. It complicates the prevailing view that Christianity is moving to the global south. The second part focuses on two challenges: generational shifts and global inequality. While not exhaustive, the discussion will provide some nuances regarding the issues at stake at a global level. The character of the Church of the future rests on how it responds to these present-day issues that will linger in the years ahead.

Virginia R. Azcuy – « La situación “tensionada” de la Iglesia actual: cuatro retos fundamentales ».La perspectiva de la “eclesiología práctica” puede resultar útil para imaginar la Iglesia del futuro a partir de la Iglesia real, santa y pecadora, que somos. Por su condición histórica, la comunidad eclesial está en una situación “tensionada” entre su realidad concreta y a veces contradictoria y la esperanza que brota de sus propios anhelos de reforma. El llamado a vivir en plenitud exige la humildad de confrontarse con el fracaso y el límite. Una mirada teológica práctica a la Iglesia podría articularse desde cuatro retos fundamentales: credibilidad débil, deformación clerical, sesgo masculino y mundanidad espiritual. Se trata de enfocar algunas cuestiones medulares que requieren ser consideradas para discernir qué Iglesia queremos.

Stan Chu Ilo – “The Church of the Future in Africa: A Path to the Praxis of Pope Francis’s Illuminative Ecclesiology in African Catholicism”. This essay looks at what the Church of the future in Africa could look like in the light the missionary reform of Catholic ecclesiology in Pope Francis. It also explores what World Catholicism will look like in such a future where African Catholics and churches are playing a significant role in shape the identity and mission of the Universal Church. Using the illuminative ecclesiology of Pope Francis as a guide, the essay looks at the present challenges and features of the Church in Africa. The essay concludes by laying the theological foundation of a roadmap for the Church in Africa. Such a Church, it will be shown will be an agent in reversing the unacceptable trajectory of history in the continent by being a poor and merciful Church fully involved in the mission of bringing about the fruits of the eschatological reign of God in both Africa and the world.

Mike van Treek Nilsson – « Imaginación y fantasía: el aporte de la Biblia a la Iglesia del futuro ». This essay draws from Scripture a necessary and radical reform in the Church (particularly in terms of biblical work). The Word is ´useful for life´ since it nourishes symbolic imagination. Often sacred texts are read with a fundamentalist approach, and there is a lack of literary criteria and humanistic concern. Literature in today´s world has diverse understandings of reality, and biblical work also highlights plurality. What is important is an emancipatory and plural understanding of reality. Due to encounters with the ´other´, such understanding leads to an experience of God that is not self-centered. This essay offers criteria for changes in church and in society, and for including the Bible in humanistic studies.

Serena Noceti – « Quali strutture per una chiesa in riforma? ». Lo sforzo di immaginazione di una Chiesa del futuro deve necessariamente scontare il limite di inserirsi in una particolare fase storica, segnata dalla ricezione del Vaticano II, che è un processo tutt’altro che lontano dalla sua conclusione. Il Concilio Vaticano II ha reso evidente che la Chiesa del futuro non può essere semplicemente concepita come la restaurazione di un modello storicamente superato quale quello determinato dal Concilio di Trento, ma deve fondarsi su una rigenerazione globale, capace sia di superare l’eurocentrismo che ha segnato gli ultimi secoli della sua storia, sia di superare il rigido steccato tra clero e laicato per coinvolgere l’intero popolo di Dio in questo processo di trasformazione. L’esortazione Evangelii gaudium di papa Francesco ha fornito spunti importanti di riflessione per avviare questo processo di trasformazione. Occorre ripensare profondamente il ruolo delle Chiese locali e valorizzarne il patrimonio di culture e tradizioni troppo a lungo sacrificato nell’ottica di una centralizzazione uniformante; ed è necessario altresì promuovere strutture di sinodalità ordinaria che consentano una effettiva partecipazione di tutti i battezzati nella formazione delle decisioni che presiedono alla vita delle comunità cristiane.

Daniella Zsupan-Jerome – “The Community of the Church: Walking in Step with the Spirit in Digital Culture”. This essay explores digital culture and advocates for how the Church can be a pro-active presence in this context especially if attentive to three critical socio-cultural developments wrought by digital communication technologies: truthfulness, potential for authentic encounters, and shifting notions of authority. By emphasizing the work of the Holy Spirit as both constitutive of Church but also transformative for each of these three developments, the essay proposes building on pneumatological foundations toward a future Church, one that can be a prophetic and pro-active witness in digital culture.

Thierry-Marie Courau OP – « L’écoute, chemin du salut et de metanoïa de l’Église ». Nous vivons une époque où le salut semble être une idée éloignée de toute réalité contemporaine. Envisager l’Église du futur demande que le salut, donné en Christ qu’elle annonce, soit crédible et efficient dans la vie des personnes. Ceci demande un travail théologique et pastoral qui passe par les cris et les yeux des pauvres. Ce choix oblige de se tenir dans l’attitude de l’écoute, de l’obéissance. Le mot « écoute » n’appartient pas au vocabulaire théologique habituel. Pourtant, le péché trouve son origine précisément dans une écoute défaillante. L’écoute de la parole dans laquelle Dieu se donne, indissociable de l’action qu’elle suscite, se trouve comme la porte d’entrée de la réalisation du salut dont l’Église est le sacrement universel. Elle fonde sa capacité à vivre la metanoïa suscitée par l’Esprit pour aujourd’hui.